Pour AVSF, Myriam Mackiewicz, directrice technique d’AVSF
Selon la définition de la FAO, la sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique, social et économique à une nourriture saine dont la quantité consommée et la qualité sont suffisantes pour satisfaire leurs besoins énergétiques et préférences alimentaires.
Cultures vivrières et cultures de rente : une opposition révolue
Comme le démontre Nicolas Bricas, l’opposition entre « cultures vivrières », destinées à l’autoconsommation, et « cultures de rente », destinées à la vente, en particulier sur des marchés d’export, n’est plus opérante aujourd’hui. En effet, sous l’effet conjugué de l’urbanisation et de la transformation des systèmes alimentaires, la demande a évolué et certains produits agricoles, autrefois principalement destinés à l’autoconsommation, remplissent aujourd’hui une double vocation : nourrir les familles qui les produisent et alimenter marchés urbains et ruraux, en pleine croissance. Ainsi en est-il du maïs et également de tubercules telles que l’igname et le manioc, très prisés dans les pays du Golfe de Guinée, de la Côte d’Ivoire au Nigeria.
De plus, dans de nombreux pays, les cultures d’exportation comme le cacao, sont soit cultivées en association avec d’autres cultures, par exemple en Haïti avec l’igname, le taro, etc., soit intégrées dans un système de production diversifié comprenant différentes parcelles telles que le maïs, l’igname et les bananes plantain. Par ailleurs, l’ensemble des produits agricoles qui sont commercialisés génèrent des revenus qui peuvent être utilisés pour des dépenses de santé, d’éducation ou d’alimentation. Ainsi, pour AVSF, dans de nombreuses situations, les « cultures d’export » font partie d’une logique de diversification des sources de revenus et de gestion des risques, pour les familles paysannes et, pour les raisons précédemment exposées, ne doivent pas être mises en opposition avec des cultures dites « vivrières ».
Agir aux côtés des familles paysannes
AVSF appuie les familles paysannes dans la production de cultures alimentaires « ancestrales », telles que la pomme de terre en Colombie ou le riz à Madagascar, et de cultures destinées à l’export, tel que le cacao en Côte d’Ivoire ou la vanille à Madagascar, avec pour finalité l’amélioration des revenus et des conditions de vie des familles.
Pour que les familles paysannes puissent produire mieux et avoir des revenus décents, AVSF s’engage en premier lieu dans des actions dites « techniques », incluant l’accompagnement, le conseil, la formation et les expérimentations paysannes. Parallèlement, AVSF et ses partenaires engagent des actions à visée plus « politique ». AVSF soutient en effet les organisations paysannes dans leurs demandes de politiques commerciales plus justes, permettant de lutter contre le « dumping », tel que l’importation, dans certains pays ouest africains, de volailles européennes à bas coût ou de poudre de lait, qui viennent concurrencer les produits locaux.
Enfin, pour AVSF, il est fondamental de soutenir les familles paysannes dans la défense de leurs droits : accès à la terre, au crédit, à la formation, permettant d’assurer un environnement socio-économique favorable et donc de contribuer à la sécurité alimentaire !