À l’instar de nombreux pays des Suds, la jeunesse rurale équatorienne n’est pas épargnée par le manque d’accès à un enseignement de qualité et à des emplois décents. À cela s’ajoutent l’expansion des projets miniers et l’accaparement des terres et de l’eau qu’ils entraînent, menaçant d’autant plus un secteur agricole déjà fragile.
Pour redonner aux jeunes la place qui leur est due, au cœur des dynamiques de transformation durable de leurs territoires, AVSF a soutenu trois initiatives complémentaires.
Créer le 1er bac technique agroécologique en Équateur
Dans la commune rurale de Shiña, AVSF et ses partenaires ont créé le premier Baccalauréat Technique Agroécologique (BTA) du pays. Ce cursus vise à apprendre aux jeunes à produire des aliments sains, sans intrants chimiques, à s’occuper d’animaux d’élevage, à gérer durablement les sols et les ressources en eau, ainsi qu’à préserver la biodiversité agricole. Au cours de cette formation les élèves sont également préparés à l’entreprenariat agricole afin d’avoir toutes les clés en main pour mettre en œuvre leurs propres projets.
Ces plusieurs années de travail ont porté leurs fruits : la création de ce bac technique en agroécologie a été validée par le Ministère de l’Éducation et une première promotion a été constituée en septembre 2023 avec 15 étudiants et étudiantes de l’Unité Éducative Communautaire Interculturelle bilingue de Shiña ! La concrétisation de ce baccalauréat unique en son genre constitue une réelle fierté pour AVSF. Ce succès marque une étape importante vers un enseignement technique axé sur l’agroécologie, l’identité culturelle et l’engagement environnemental.
Intégrer l’agroécologie dans les programmes d’études
AVSF a également accompagné l’établissement “Corazón de Jesus del Valle de Sade” dans l’intégration de l’agroécologie au sein de son offre de formation. Cet établissement public de 180 élèves ambitionne de modifier les pratiques de production et d’alimentation à l’école, dans une zone fortement orientée vers les cultures d’exportation où l’agriculture intensive entraîne une importante dégradation de l’environnement et de la biodiversité. En intégrant dans le programme éducatif des principes tels que la diversification agricole, la sauvegarde de pratiques traditionnelles et le travail associatif, l’accompagnement d’AVSF vise à sensibiliser la communauté éducative et les élèves sur l’agroécologie et ses bénéfices.
Former les enseignants et enseignantes
Enfin, AVSF a travaillé de concert avec l’Université interculturelle des nationalités et peuples indigènes Amawtay Wasi pour former 26 professeurs à l’enseignement de l’agroécologie. L’agroécologie telle qu’enseignée ici prend en compte les dimensions culturelles, socio-économiques, biophysiques et techniques. Elle ne se limite donc pas à la production agricole mais englobe la ruralité, le rôle des jeunes, des femmes et cherche également à collaborer avec les producteurs urbains et périurbains. Cette vision de l’agroécologie remet en question le paradigme de la modernité et promeut une nouvelle relation entre l’espèce humaine et le vivant.
C’est donc un enseignement technique co-construit et adapté aux réalités locales et aux aspirations des jeunes qu’AVSF a promu grâce au projet « Jeunesse rurale et défense du territoire”.
Le prochain défi sera une diffusion à plus grande échelle, en reproduisant ces actions dans d’autres territoires et en inspirant des politiques publiques d’envergure.