Séduit par les valeurs portées par l’association, c’est en 2005 que Paulin Hyac fait son entrée à AVSF. Responsable projet, puis coordinateur à différents niveaux : autant d’occasions de mettre son expertise au service des familles paysannes et de mesurer l’impact de nos projets sur le long terme.
S’ils représentent près de 80 % de la population de Madagascar, les paysans et paysannes sont pourtant trop souvent délaissés par les services et les politiques publiques. Dans ce contexte, Paulin rappelle le rôle déterminant d’organisations telles qu’AVSF pour améliorer les conditions de vie des familles rurales. Lorsqu’on lui demande ce qui l’a rendu le plus fier au cours de sa carrière, deux choses lui viennent immédiatement à l’esprit : la formation et la reconnaissance des auxiliaires communautaires de santé animale (ACSA), et la structuration d’organisations paysannes fortes, capables de produire en bio et de vendre sur des marchés équitables à l’international.
Un accompagnement dans la durée
Comme le souligne Paulin, des projets de deux ou trois ans sont loin d’être suffisants pour aboutir à des changements de pratiques pérennes et des organisations paysannes autonomes. Il faut du temps, une dizaine d’années au moins, pour que les paysans puissent réellement s’approprier les techniques, ajuster leurs pratiques, s’organiser, monter en compétences, trouver des débouchés stables, etc. Mais les résultats sont là. Constater après un travail de longue haleine que les organisations paysannes accompagnées parviennent à améliorer durablement leur production, à certifier leurs produits et à les commercialiser constitue une réelle fierté pour l’agronome fraîchement retraité.
Il revient également sur l’évolution de l’approche d’AVSF et de sa manière de travailler qui influe encore aujourd’hui sur celle d’autres acteurs du développement. « Ce qu’AVSF promeut, c’est une approche horizontale. On ne vient pas avec des itinéraires techniques tout faits en disant aux paysans ce qu’ils devraient faire ou ne pas faire. Sinon une fois le projet terminé, il ne reste rien. » Ce qui a porté ses fruits, c’est la co-construction. Grâce à un auto-diagnostic, l’équipe part des besoins des paysans, de leurs objectifs et des moyens dont ils disposent pour les atteindre. De là, des programmes adaptés et durables sont élaborés conjointement. Il insiste sur l’importance de dispositifs tels que les formations et temps d’échange entre pairs, les « paysans relais » ou les champs-écoles pour élaborer, tester et diffuser de nouvelles pratiques efficaces.
Le succès des Auxiliaires Communautaires de Santé Animale (ACSA)
Selon Paulin, l’autre réussite majeure est bien sûr la reconnaissance des ACSA. Face à un service public de santé animale peu déployé à travers le pays, la formation d’Auxiliaires Communautaires de Santé Animale s’est avérée être une solution efficace pour améliorer les petits élevages malgaches. Ces agents sont des éleveurs formés par AVSF pour apporter des soins vétérinaires de base en zone rurale. Leur proximité avec les éleveurs et leur connaissance des pratiques locales en font des acteurs particulièrement efficaces. Les familles paysannes bénéficient ainsi d’un service de proximité assuré par un membre de leur communauté, et les ACSA gagnent un complément de revenu non-négligeable grâce à cette activité.
Devant les premiers résultats positifs de ce modèle, d’autres acteurs ont tenté de le répliquer. Paulin explique que cela a toutefois conduit à de grandes disparités dans le niveau de connaissances des agents et à un manque d’homogénéité et de coordination entre les différents acteurs. C’est pourquoi entre 2015 et 2020, plusieurs projets d’expérimentation ont été menés dans l’optique d’harmoniser les dispositifs de santé animale à Madagascar. « Ce travail réalisé conjointement avec le ministère de l’Agriculture et de l’Élevage et l’Ordre National des Docteurs Vétérinaires Malagasy a abouti à la création conjointe d’un référentiel national, traduit en une formation unique. Depuis, le rôle et le statut des ACSA ont été officiellement reconnus par le gouvernement », conclut Paulin.
Depuis 2004, plus de 300 ACSA ont été formés, dont les trois quart sont encore en activité aujourd’hui. Ce sont ainsi plus de 30 000 familles qui continuent de bénéficier de leurs soins au quotidien. Le chemin parcouru dans le déploiement de ces agents et leur reconnaissance a donc été colossal.
Pendant 18 ans, le savoir-faire de Paulin et son engagement sans faille auprès de la paysannerie malgache ont donc été des moteurs du développement de nos activités dans le pays. Et si les paysans malgaches doivent encore aujourd’hui faire face à de nombreux défis, pour Paulin, ils peuvent compter sur l’investissement, le professionnalisme et les valeurs des équipes d’AVSF pour y répondre.