D’abord, de quoi parle-t-on ? Les zoonoses sont des maladies ou infections transmises aux humains par les animaux et vice-versa. Ces pathogènes, qu’ils soient virus, bactéries, champignons ou autres, circulent entre le monde animal et les êtres humains depuis toujours. Au moins 75% des agents pathogènes émergents chez l’être humain sont d’origine animale.
Notre histoire est marquée de crises successives aux conséquences plus ou moins dramatiques pour l’espèce humaine. En 1918, la grippe espagnole a fait entre 20 et 50 millions de victimes, bien plus que la Première Guerre Mondiale. La grippe de Hong Kong de 1969 fit plus d’un million de morts sur la planète, dont 40 000 en France. Plus récemment en 2003 – 2004, l’épidémie dite du SRAS en Asie – un autre coronavirus – fut heureusement rapidement circonscrite, avec néanmoins 774 morts dans le monde selon l’OMS. L’une des épidémies les plus effrayantes est sans doute EBOLA : son taux de létalité peut atteindre 90% chez l’être humain et a fait 12 000 victimes entre 2013 et 2014 principalement en Afrique.
Moins médiatisée, le centre du Mali a vu émerger en janvier dernier la fièvre hémorragique dite Crimée Congo issue des troupeaux de bovins. Des paysans se sont vus infectés par des piqûres de tiques avec un risque mortel. Heureusement, avec la mobilisation d’institutions nationales et internationales comme AVSF, les services maliens de santé vétérinaire et humaine ont pris les mesures pour éviter sa propagation : détiquage des animaux et des personnes, encadrement des pratiques d’abattage d’animaux, sensibilisation des éleveurs.
L’épidémie de grippe aviaire (H5N1) apparue en Asie en 2003 puis répandue en Europe en 2006 vient des oiseaux migrateurs qui ont contaminé des volailles d’élevage. La concentration des volailles dans des systèmes d’élevage industriel intensif, et le transport et la circulation d’animaux sont de loin la principale cause de dissémination de la maladie.
Les zoonoses ne sont pas plus nombreuses aujourd’hui que par le passé, mais leur émergence plus fréquente et leur diffusion fulgurante s’expliquent par l’activité humaine qui met en contact les groupes humains avec les réservoirs de maladies que sont la faune et leur habitat naturel. Citons entre autres, la déforestation, l’agriculture intensive et l’élevage concentrationnaire industriel, la densité de population, la disparition de la biodiversité. Les conflits sur la planète participent à la diffusion par les déplacements massifs de populations mais aussi d’animaux qu’ils entraînent et la déliquescence des services de santé humaine et animale. Enfin, le changement climatique modifie les zones de répartition des espèces considérées comme réservoirs, très souvent à l’origine des zoonoses (chauves-souris, rongeurs, singes, etc.) et des vecteurs (comme les moustiques) qui peuvent transmettre certains virus zoonotiques (Chikungunya ou West-Nile, par exemple).
Ces épidémies zoonotiques démontrent que santé humaine, animale et environnementale sont intimement liées. C’est du vivant dans son ensemble qu’il faut prendre soin pour espérer réduire les risques sanitaires et les autres pandémies qui pourraient se déclarer. C’est ce que fait AVSF dans ses projets avec l’approche One Health ou une seule santé, qui mobilisent des compétences de médecine humaine, vétérinaire et des écologues. Une démarche plus que pertinente aujourd’hui.