La mise en place du projet a résulté d’un constat alarmant sur l’indisponibilité croissante de l’eau sur les hautes terres malgaches, due à un retard progressif de l’arrivée des pluies et une saison sèche de plus en plus sévères. Les producteurs – d’autant plus vulnérables aux effets du changement climatique – tentent malgré tout de s’adapter à l’allongement des périodes de sécheresses avec pour conséquences des prises de risques importantes dans la riziculture et le maraîchage, le délaissement de certaines parcelles et la surexploitation d’autres, menant à l’épuisement progressif des sols. Face à ces situations récurrentes, en collaboration avec l’ONG locale AMADESE, AVSF a diversifié les actions en faveur d’une gestion optimale de l’eau, ainsi que les modes de diffusion de pratiques agroécologiques.
Capter l’eau par tous les moyens
La première phase du projet a consisté à promouvoir et diffuser des systèmes de micro-irrigation (SMI). Du fait d’un taux d’adoption par les paysans jugé trop faible, des moyens alternatifs ont été développés par AVSF. D’une part, des aménagements du territoire destinés à capter et stocker l’eau de pluie : canaux d’infiltration suivant les courbes de niveaux (pour éviter le ruissellement), plantations anti-érosion à racines profondes et reboisement. D’autre part, 21 infrastructures collectives (puits approfondis et stabilisés, bassins de retenue, petits barrages…) ont été réalisées en tenant compte des spécificités du territoire et du nombre de bénéficiaires.
Diffuser les pratiques agroécologiques
Les pratiques agroécologiques du projet abordent aussi bien des pratiques culturales (pesticides et fertilisants naturels, plantes répulsives, rotation des cultures, densité des semis …) que l’économie de l’eau (binage, paillage, fumure organique, micro-irrigation). Pour en optimiser la diffusion et l’appropriation, AVSF a privilégié l’approche « groupe » et diversifié les « canaux d’apprentissage » : formations proposées à des «paysans-relais», participation à des champs-école, organisation de visites d’échanges, parcelles d’expérimentation pour les groupes paysans (120 parcelles en 2017).
Renforcer les dynamiques d’innovation
Pour renforcer la dynamique de partage d’information et assurer une capitalisation utile aux décideurs publics comme aux acteurs du développement rural, une convention a été signée avec la direction générale de la météorologie. Au terme d’ateliers participatifs de district et d’un atelier régional, 11 stations de collecte de données météo ont été mises en place et les bulletins météo ont été améliorés pour une meilleure planification des cultures. L’impact du projet sur les parcelles est probant : 95% des paysans ciblés ont adopté les techniques enseignées et les surfaces maraîchères mises en valeur sont passées de 2800 à 3300 ares en 2 ans. L’utilisation du SMI et du paillage s’est traduit par une baisse de la consommation d’eau comprise entre 41 et 71%, tandis que l’utilisation des traitements naturels a réduit les dépenses de 24%. Enfin, on constate une augmentation moyenne de 63% des rendements et de 90% des marges chez les paysans ayant adopté les pratiques (versus les non-adoptants), ce qui leur a permis de mieux assurer la scolarisation de leurs enfants et d’améliorer leur alimentation.