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Colombie : Valoriser les remèdes traditionnels vétérinaires

En Colombie, l’utilisation de molécules de synthèse dans le traitement des maladies animales se généralise, aux dépens de pratiques traditionnelles basées sur l’utilisation de préparations à base de plantes.

Or ces molécules ne sont pas sans risques. L’augmentation de leur usage mal contrôlé engendre des problèmes (comme l’antibiorésistance) en santé animale, humaine et vis-à-vis de l’environnement. Peu coûteux, facilement disponibles et respectueux du vivant, les remèdes traditionnels disposent pourtant d’un véritable potentiel, au niveau préventif et curatif. Cependant, la quasi absence de références scientifiques à propos de leur efficacité freine les vétérinaires à conseiller ces remèdes.

Mener une étude sur la mammite en Colombie…

AVSF coopère depuis 2007 dans le Sud de la Colombie, où coexiste une grande diversité de modèles d’élevage. Un projet mené depuis 2 ans vise entre autres à former les éleveurs au traitement des maladies animales. Dans ce cadre, Marine et Adrien – vétérinaires exerçant en Normandie et volontaires pour partir 6 mois en Colombie- ont mené une étude afin de recenser les connaissances traditionnelles en ce qui concerne le traitement et la prévention des mammites de la vache laitière (la maladie infectieuse et inflammatoire la plus traitée par antibiotiques) et de proposer en conséquence, un plan de gestion sanitaire de cette maladie en élevage.

Ainsi, 53 éleveurs de tout âge ont été interrogés. Sur les 26 plantes identifiées comme utilisées par les éleveurs, 7 ont été retenues comme véritablement fiables – principalement pour leur caractère anti-inflammatoire – sur la base de tests et de rapprochement avec les publications scientifiques existantes. Elles ont été d’abord testées et ensuite répertoriées dans une brochure pédagogique : un véritable guide des soins naturels, décrivant les propriétés des plantes, proposant des recettes de traitements efficaces et leur mode d’utilisation. Les éleveurs peuvent préparer eux-mêmes ces médicaments sous forme de teintures ou pommades.

Pour faire référence et s’enrichir mutuellement

Si les éleveurs voient dans cette étude une reconnaissance de leurs pratiques et une aide précieuse à la décision et à l’utilisation des remèdes, les deux vétérinaires ont également beaucoup appris de leur expérience.

« Nous avons été très surpris de l’efficacité de plantes que nous considérons en France comme de mauvaises herbes, alors que l’oseille crépue, par exemple, empêche une plaie de saigner après une intervention chirurgicale et nous ferait donc gagner du temps pour la cicatrisation », témoigne Adrien.

Vers davantage d’études sur la médecine ethno vétérinaire

Les résultats positifs obtenus peuvent à terme améliorer le revenu généré par la production laitière en diminuant les pertes liées aux maladies, en limitant la dépendance aux intrants et en optimisant les systèmes de production dans le respect des pratiques traditionnelles.

Nous prévoyons donc de multiplier ce type d’études, comme par exemple à Madagascar, où nous mènerons prochainement des travaux sur le parasitisme des caprins pour tenter de diminuer l’utilisation d’antiparasitaires cliniques.

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