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Coton et agroécologie au Mali

3 questions à Ramadan Sylla, Chargé d’Agroécologie Paysanne au sein de la CNOP-Mali* (Coordination Nationale des Organisations Paysannes)

Quelle est la situation de la production cotonnière dans la région ?

Au Mali, la culture de la fibre de coton s’étend sur environ 170 000 hectares et procure des moyens de subsistance à 40% de la population rurale.

Ces 3 dernières années, nous avons constaté des abandons de terres et des mutations de la production cotonnière du centre vers le sud du pays. Ces mouvements sont essentiellement provoqués par l’appauvrissement des sols, conséquence des utilisations abusives de produits chimiques de synthèse. Les producteurs sont à la recherche de terres encore vierges, non polluées.

Cette année, la campagne 2019/2020 a subi un effondrement du cours du coton, conséquence de la mauvaise situation du marché mondial de la fibre, lui-même particulièrement touché par les conséquences économiques engendrées par la crise du coronavirus. Cette baisse a provoqué la colère des producteurs. Le gouvernement a depuis revu son soutien et des compromis ont pu être trouvé.

Quelle place est faite aux alternatives aux pesticides ?

Les pesticides occupent une place importante dans toute la zone cotonnière CMDT (Compagnie Malienne pour le Développement des Textiles). Ils constituent une bonne part de l’agrobusiness au Mali dont les acteurs sont farouchement opposés à l’agroécologie, que la CNOP promeut. De plus en plus, notre réseau de relais-paysans en agroécologie développe sans relâche des innovations sur les traitements naturels comme alternative. Nous sommes aussi ouverts à la recherche pour confirmer ces traitements naturels et les valoriser. Par exemple, le guide des alternatives aux pesticides élaboré par AVSF peut nous aider à améliorer notre module de formation sur les traitements naturels pour le Centre International de Formation en Agroécologie de Nyéléni (CIFAN).

Il peut aussi nous permettre de poursuivre l’affirmation et valorisation de nos innovations paysannes par la recherche.

Mais la vulgarisation et la diffusion de ces recherches, au travers de notre réseau de 600 relais-paysans, demandent des ressources conséquentes.

Comment la mobilisation citoyenne malienne relève-t-elle ses enjeux ?

En 2017, la CNOP et les acteurs du mouvement agroécologique au Mali des régions de Kayes et Gao ont mis en place une “plateforme nationale agroécologique”. Cette plateforme se veut un cadre de concertation, de dialogue et plaidoyer pour la prise en compte de l’agroécologie paysanne dans les politiques publiques et dans les Programmes de développement économique, social et culturel des Collectivités territoriales. 

Un manifeste de l’agroécologie paysanne (Manifeste de Nyéléni) collectivement élaboré, a marqué la rencontre de 2017. Il constitue désormais notre boussole pour la promotion de l’agroécologie paysanne. Cette année, nous sommes sollicités par la Confédération des Producteurs de Coton pour former 130 producteurs à l’agroécologie. Prévue en Septembre 2020, cette formation permettra d’amener progressivement les acteurs de la filière vers une agriculture durable, de restaurer les sols et de protéger la biodiversité.

*CNOP-Mali est une confédération socioprofessionnelle qui réunit les fédérations paysannes du Mali dont le rôle est de permettre aux organisations paysannes de contribuer à la définition d’une vision claire de l’agriculture malienne et d’une politique agricole centrée sur les exploitations familiales.

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