Le forte croissance démographique de l’Afrique de l’Ouest se traduit par une intensification agricole, une expansion des terres cultivées et une augmentation de l’utilisation d’engrais chimiques et de pesticides, comme le glyphosate. Au Mali, ils sont notamment utilisés pour la culture de coton (principale culture de rente) mais aussi pour les céréales en rotation, comme le maïs. Un système de crédit cotonnier facilite l’accès aux pesticides pour les paysans, souvent peu formés et peu conscients des risques pour leur propre santé, mais aussi celle des animaux et des sols.
Quels impacts des pesticides sur la santé des sols ?
Lorsque l’on pulvérise des pesticides, un tiers voire la moitié des produits finit dans le sol et affaiblit les micro- organismes qui le composent (bactéries et champignons) pourtant essentiels à sa fertilité. Les pesticides ont donc des effets négatifs à long terme sur les fonctions du sol. Ils ont également un impact sur la chaîne alimentaire : en se nourrissant d’insectes contaminés par des pesticides, un animal peut se retrouver lui-même contaminé et infecter de la même manière d’autres espèces, dont les humains. Les pesticides sont également néfastes pour les personnes qui les manipulent régulièrement et peuvent engendrer des problèmes respiratoires, irritations, réactions allergiques, cancers, maladie de Parkinson etc. Enfin, des résidus de pesticides peuvent contaminer les cours d’eau, polluant ainsi l’eau potable des villages.
L’enjeu est donc de pouvoir concilier production agricole suffisante pour répondre aux besoins d’une population croissante et diminution de l’usage des pesticides pour préserver la santé des sols, des animaux et des humains.
Quelles alternatives aux pesticides ?
Mieux connaître les risques liés à l’utilisation d’intrants chimiques et les alternatives qui existent permet de réduire leur utilisation et d’améliorer la santé du territoire. C’est ce fondement qui justifie le nouveau projet d’AVSF au Mali. Débuté en juillet 2022, il fait suite à quinze années d’actions dans le Cercle de Kita. La mise en place de pratiques agroécologiques avec les familles paysannes devrait permettre de réduire de 50 % l’utilisation de pesticides. Le projet vise également à mettre à disposition du matériel de protection, à former les usagers aux mesures de sécurité et d’hygiène et à veiller à la bonne application des réglementations.
Pour réduire l’usage de pesticides, plusieurs pratiques et produits alternatifs ont fait leurs preuves. Une plante mieux nourrie étant une plante qui se défend mieux contre les maladies, l’apport de compost, entre autres, permet indirectement de réduire l’usage de pesticides en améliorant la fertilité du sol. Concernant les produits alternatifs, on peut distinguer les biopesticides, qui tuent les ravageurs (à base de neem par exemple, plante aux propriétés insecticides), et les “préparations naturelles peu préoccupantes” (mélanges à base d’huile, de piment ou d’ail par exemple) qui ont pour leur part un rôle répulsif. Des cultures pièges, comme le gombo, peuvent également être utilisées pour attirer les insectes ravageurs loin des cultures.
Grâce à la réduction de l’usage des pesticides, le projet a pour ambition d’améliorer la santé du territoire, la qualité des produits agricoles et les revenus des paysans, avec à la clé, un développement durable de la région.