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La sécurité alimentaire des ménages ruraux sahéliens au Niger : les approches innovantes du projet PASAM

Auteur(s) : sous la direction de

Insécurité alimentaire au Niger

La sécurité alimentaire des ménages ruraux sahéliens au Niger : Emérgence et convergence d’approches nouvelles impulsées par le PASAM dans les départements de Gouré et Maïné Soroa

La lutte contre la pauvreté en général et l’insécurité alimentaire en particulier est une des priorités du Niger dans la recherche d’un développement durable des zones les plus sensibles et vulnérables du pays. L’économie nationale repose principalement sur les ressources naturelles qui, jadis, étaient considérées par leurs utilisateurs directs comme des ressources abondantes et sans limite. Mais aujourd’hui, l’Etat et la population sont conscients de la dégradation de ces ressources et des crises socioéconomiques sans précédent que cette situation engendre dans la gestion de l’espace et des territoires ruraux. Cette crise a changé de manière sensible, non seulement le mode de vie des populations mais aussi la perception qu’elles avaient de ces ressources naturelles. Une telle situation a mis certaines franges de la population dans un état de dénuement total et de vulnérabilité et dans des situations de survie précaire ou de pauvreté.

L’insécurité alimentaire s’est particulièrement accentuée ces dix dernières années dans les départements de Gouré et de Maïné Soroa (le Mounio). Dans ces deux départements, les efforts de l’ONG KARKARA en partenariat avec AVSF à travers le PASAM (projet d’appui à la sécurité alimentaire des ménages, financé par l’Agence Française de Développement) s’inscrivaient entre autres dans ce cadre de la lutte contre l’insécurité alimentaire et la mitigation des risques liés aux changements climatiques.

Contrairement aux projets d’urgence classiques qui sont le plus souvent conçus pour durer six mois au maximum (le temps de soulager les populations victimes des crises), la particularité du PASAM est que sa durée a été de trois ans. Outre la prise en compte de l’urgence, le PASAM a intégré des éléments de développement tels que la lutte contre l’ensablement des espaces de vie et de production et l’expérimentation de dispositif de gestion de crise alimentaire par la mise en place de boutiques céréalières communautaires qui différent de Banques céréalières classiques par leur mode de fonctionnement.

Lors des diagnostics participatifs initialement réalisés, les populations ont d’abord privilégié des actions immédiates qui relevaient de l’urgence et de la protection de l’environnement. Toute la zone d’intervention du PASAM se caractérise par la présence d’immenses dunes de sable mobiles qui menacent les terres de cultures, les aires pastorales, les routes, les villages et les points d’eau. Face à la menace de l’ensablement, aux sécheresses fréquentes et à la baisse de la fertilité des terres agropastorales qui se traduit par leur faible productivité, les villageois se retrouvent sont souvent démunis. Les méthodes de lutte contre l’ensablement ne sont pas très connues dans les villages même si dans certaines localités de Goudoumaria et de Maïné comme Laptouaram et Dinkari, les villageois ont pris jadis l’habitude de disposer des branchages autour des champs menacés par l’ensablement. Ces travaux exécutés sans techniques particulières donnaient des résultats peu satisfaisants ; le vent emporte parfois les branchages disposés pêle-mêle dès les premiers jours d’harmattan (vent chaud et sec qui souffle d’Este n Ouest pendant la saison sèche de janvier à mai). Plusieurs villages se sont déplacés sous la menace de l’ensablement et en absence de techniques efficaces de lutte bien maîtrisées par les communautés. Les populations sont fortement conscientes des impacts négatifs de l’ensablement sur leur environnement, sur les systèmes de production et sur l’économie locale. Elles ont ainsi adhéré spontanément à la démarche proposée par le PASAM.

Cette capitalisation initiée dans le cadre du PASAM témoigne et rend compte de deux approches innovantes :

  • les dispositifs développés par les bénéficiaires grâce au Cash for Work qui a permis en premier lieu de protéger les sites de production que sont les cuvettes et les bas fonds,
  • les mécanismes mis en place pour assurer la disponibilité des céréales au niveau des sites en quantité et qualité et à des prix abordables.

Elle tente d’en tirer des enseignements quant aux démarches de lutte contre l’insécurité alimentaire. Le PASAM s’est en effet construit sur le postulat que le seul moyen de limiter la dégradation de l’environnement est de soulager les populations démunies victimes de l’insécurité alimentaire.

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