Search
Close this search box.

Caractérisation des stratégies d’adaptation au changement climatique en agriculture paysanne

Auteur(s) : sous la direction de

Année : 2012

Adaptation aux aléas climatiques

Caractérisation des stratégies d’adaptation au changement climatique en agriculture paysanne

Etude de capitalisation réalisée sur les terrains de coopération d’AVSF

En zone intertropicale, l’adaptation aux aléas et la gestion du risque sont partout pris en compte dans les systèmes agraires traditionnels. Les mécanismes en jeu sont basés sur l’auto-assurance (épargne), sur la complémentarité entre spéculations et entre espaces utilisés au sein des exploitations et/ou des communautés. Ils reposent à la fois sur des choix techniques et une organisation sociale, qui se révèlent aujourd’hui de plus en plus souvent insuffisants ou inadaptés.

En effet le changement climatique global se traduit localement par plusieurs évolutions qui modifient les conditions de production. Il s’agit i) de décalages dans les calendriers climatiques (retard dans l’arrivée des pluies notamment) ; ii) de changements dans les hauteurs d’eau reçues annuellement, avec, dans de nombreuses régions, des périodes de sécheresse plus marquées et/ou plus fréquentes ; iii) de la fréquence accrue des phénomènes paroxystiques et des évènements anormaux (cyclones, gelées, températures anormalement élevées) ; iv) enfin, et partout, d’une très forte variabilité temporelle et spatiale au niveau local.

L’impact de cette évolution du climat est d’autant plus fort que les agricultures familiales subissent aussi d’autres mutations de leur environnement : i) dégradation de la fertilité, ii) déforestation et érosion de la biodiversité, iii) insertion à l’économie de marché et libéralisation, avec ses exigences de compétitivité, iv) position défavorisée pour l’accès aux ressources (eau, foncier notamment), mais également problèmes de financement.

L’impact sur l’agriculture est multiple. Il pèse sur les personnes, sur le capital des exploitations et sur les résultats de ces dernières (systèmes d’élevage et de culture moins productifs), mais également sur les dynamiques collectives, le tout contribuant à accroître la vulnérabilité des plus pauvres. La baisse des rendements (végétaux et animaux), l’impossibilité de faire jouer les mécanismes traditionnels de gestion du risque et la très grande incertitude fragilisent les systèmes et induisent des stratégies de court terme qui sont souvent dommageables à l’environnement voire à la durabilité économique des exploitations.

Dans ces conditions, les paysans tentent de s’adapter.

Ils commencent en général par modifier leurs pratiques techniques. Les agriculteurs changent de variétés (recherche de précocité comme facteur d’adaptation à la baisse de pluviométrie), voire d’espèces cultivées pour privilégier des cultures plus rustiques. Les pratiques culturales évoluent également aussi bien sur le plan des dates de réalisation que des techniques employées (abandon du travail du sol dans certains cas par exemple). L’utilisation des moyens de production (travail, intrants) est raisonnée pour tenir compte des risques : cela se traduit dans certains cas par l’extensification, ailleurs par la concentration des moyens sur des espaces « plus sûrs» (du point de vue de l’eau disponible notamment).

Chez les éleveurs l’on constate, d’une part, le changement de structure des troupeaux, notamment la répartition entre espèces (caprins, ovins, bovins), et, d’autre part, la modification des calendriers fourragers basés notamment sur la mobilité des troupeaux : changement des zones de pâturage et/ou des dates de déplacement.

Une autre voie d’adaptation explorée par les producteurs est basée sur le développement de nouvelles activités agricoles pour tenter de répartir les risques et/ou de s’adapter aux nouvelles conditions de production: introduction de nouvelles spéculations, implantation de cultures vivrières par certains éleveurs, pratique de l’élevage par les agriculteurs, développement du maraîchage et du petit élevage, transformation des produits…

La recherche de solutions se situe bien souvent hors de l’agriculture, avec la recherche d’un emploi local, ou, plus souvent, la migration de tout ou partie des actifs, de façon temporaire ou plus durable.

Dans de nombreux cas, les actions d’adaptation relèvent davantage d’un changement «forcé» de pratiques ou d’une réponse spontanée aux aléas (avec parfois des conséquences négatives sur la durabilité des systèmes) que d’une anticipation du risque.

Les opérateurs de développement soutiennent les producteurs dans leurs efforts d’adaptation en cherchant à renforcer l’efficacité des actions engagées spontanément, et en explorant des voies complémentaires. L’objectif général est double : il s’agit d’abord d’améliorer l’adaptation actuelle des systèmes à l’évolution de leur environnement, mais également d’augmenter leur résilience et de préserver, voire de développer les capacités d’adaptation future des agriculteurs familiaux.

Renforcer la résilience des agriculteurs familiaux et notamment des producteurs les plus vulnérables suppose d’abord d’améliorer leur situation économique.

Ceci passe par une amélioration des performances techniques à travers un premier groupe d’actions, qui est axé :

  • sur la valorisation de l’eau, devenue ressource rare, au moins à certaines périodes, dans de très nombreuses régions : réalisation d’aménagements, mise en place de systèmes économes ;
  • sur la mise au point et/ou la diffusion de techniques adaptées aux nouvelles conditions : variétés, équipements pour aller vite aux périodes critiques du calendrier cultural, mise au point de systèmes plus économes et plus robustes (agro-écologie), gestion de la fertilité ;
  • sur la sécurisation de l’élevage par des actions sur le plan sanitaire et sur l’affouragement. 
Un deuxième groupe d’actions vise à améliorer la rentabilité des activités au niveau local à travers :
  • le développement de nouvelles productions agricoles : maraîchage, petit élevage, mais également production de fourrages pour la vente, etc…
  • le développement des activités de transformation des produits agricoles et de cueillette
  • l’appui à la commercialisation.

Enfin, les appuis aux organisations et les actions visant à redynamiser les structures sociales répondent à trois objectifs

  • permettre la gestion durable des ressources. En effet, dans un contexte de plus en plus contraignant, la maîtrise de l’eau et l’accès au foncier deviennent des enjeux majeurs et sont de plus en plus souvent sources de conflits ;
  • renforcer le pouvoir de négociation des petits producteurs et,
  • réactiver une solidarité qui permet de mutualiser des risques. 
Bien que les objectifs et les problématiques se recoupent, ces actions se déclinent de façon différente selon les terrains, en fonction des caractéristiques du contexte local, qu’il s’agisse du milieu naturel, ou de l’environnement socio-économique. La reproductibilité des actions pertinentes en matière d’adaptation, représente pourtant un enjeu important pour une organisation comme AVSF.

Lire également sur le site Ruralter :

L’agriculture paysanne face à l’instabilité climatique dans les Andes centrales : des mutations nouvelles ?, Sylvain Malgrange, novembre 2011

Perceptions et stratégies d’adaptation paysannes face aux changements climatiques à Madagascar, Hélène Delille, octobre 2011

Participez au projet en soutenant AVSF

Ces publications pourraient vous intéresser

Retrouvez les dernières publications d'AVSF

Hors collection

2024, 

AVSF

Projets en relation avec les mêmes thèmes

Retrouvez les derniers projets d'AVSF

Élevage et santé animale

Mongolie

Projet WIFI : Développement d’une filière viande locale de qualité issue de l’élevage pastoral nomade mongol

Côte d’Ivoire

Projet PRODEV : faire monter en compétences des jeunes producteurs-ices et améliorer la commercialisation de leurs produits vivriers (riz, légumes) et d’élevage

Filières équitables

Projet AVAL (Agriculture Vivrière Abidjan-Lagunes) : soutien à 1 000 exploitations agricoles familiales, 200 unités artisanales de production d’attiéké, gérées chacune par une femme, 10 unités semi-industrielles de production d’attiéké regroupant 250 femmes, 10 techniciens et 50 acteurs des 4 filières ciblées

Montant
populaire

Après déduction fiscale, votre don vous revient à 17€
Après déduction fiscale, votre don vous revient à 31€
Après déduction fiscale, votre don vous revient à 51€

Montant
populaire

Après déduction fiscale, votre don vous revient à 3,42€
Après déduction fiscale, votre don vous revient à 5,08€
Après déduction fiscale, votre don vous revient à 6,83€