AVSF et l’agroécologie
Agroécologie et développement durable : le positionnement d’AVSF
Actes du séminaire organisé par AVSF (3 septembre 2011 – Nogent sur Marne)
Face aux impacts négatifs ou aux limites des agricultures productivistes intensives issues de la révolution agricole du XXème siècle –connue sous le nom de « révolution verte » dans les pays du Sud -, de multiples démarches visent, au travers le monde, à promouvoir et mettre en œuvre une agriculture qui concilie les objectifs de production avec des objectifs écologiques, voire des objectifs sociaux (génération d’emplois). Les démarches sont diverses, ainsi que les termes utilisés pour les caractériser : agriculture durable, agriculture de conservation, agriculture écologiquement intensive, etc…. Certains d’entre-eux sont trompeurs et tous ne sont pas, du point de vue d’AVSF, des réponses adaptées à un véritable changement de paradigme dans la relation entre la Nature et l’Homme, pour la promotion de systèmes agricoles qui ne violentent plus la nature, et qui permettent de relever les défis du 21ème siècle : alimentaire, environnemental, climatique, énergétique, création et maintien d’emplois en milieu rural,. Le concept d’agroécologie est de plus en plus souvent cité et débattu, y compris dans des enceintes internationales. Mais pour AVSF, c’est une agroécologie paysanne dans ses trois dimensions à la fois technique, mais également sociale et économique (réorganisation des circuits d’échanges) qui est à même de relever ces défis.
Pour AVSF, cette agro-écologie paysanne peut se caractériser par cinq grands axes fondamentaux :
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Une agriculture respectueuse de l’environnement et des cycles naturels des écosystèmes qui s’inspire des pratiques les plus efficientes des agricultures paysannes, concilie ces pratiques traditionnelles avec de nouvelles connaissances scientifiques, et s’inscrit de la gestion d’une parcelle à celle d’un territoire.
- Une agriculture plus autonome et diversifiée avec une réduction des dépendances externes (intrants dont semences, énergie, …) et des systèmes de production plus diversifiés qui limitent les risques économiques pour les agricultures paysannes
- Une agriculture plus locale pour produire et consommer à l’échelle d’un territoire une plus grande variété de productions, en favorisant la polyculture, les circuits courts et l’économie solidaire (partenariats consommateur-producteur)
- Une agriculture qui s’appuie sur des organisations sociales fortes et des organisations professionnelles agricoles capables d’assurer des services à leurs membres et de favoriser les partenariats avec les collectivités locales.
- Une agriculture valorisée au niveau économique et créatrice d’emploi et de richesses en milieu rural par l’introduction et la reconnaissance de produits « différentiés » sur les filières et marchés (labels, certifications officielles et/ou participatives, marchés paysans et circuits courts)
Pour de nombreuses agricultures paysannes du monde, l’agro-écologie n’est pas une nouveauté. De nombreux paysans pratiquent déjà des associations de cultures, de l’agroforesterie, des jachères pour maintenir la fertilité de leurs parcelles ou utilisent diverses fertilisations organiques, pratiquent des soins vétérinaires sur la base de pharmacopée locale. Pour la recherche et les praticiens du développement, il s’agit donc d’identifier ces savoirs et savoir-faire et d’offrir non pas une technique mais un ensemble de pratiques améliorées (biodiversité cultivée, intégration agriculture-élevage, agroforesterie, etc.)
Face aux défis énergétiques, climatiques, environnementaux et d’emplois en milieu rural, nous n’avons pas d’autre choix que celui d’une agriculture qui ne violente plus la nature, et d’échanges plus locaux et régionaux, chaque fois que cela est possible. C’est bien là le sens de l’agro-écologie paysanne que nous défendons et qui devrait bénéficier d’appuis, tant des acteurs du développement que de la recherche, et de politiques publiques, nationales et locales.