Les expériences innovantes d’AVSF : du conseil en agroécologie à Madagascar
De l’agriculture sur défriche brûlis de couverts forestiers (Tavy) à la riziculture irriguée, l’agriculture malgache a évolué à plusieurs reprises pour s’adapter à de nouvelles contraintes. Malgré l’interdiction de l’abattis-brûlis, cette technique culturale fait cependant toujours partie intégrante des systèmes de production des agriculteurs, en particulier sur la côte-est de Madagascar. Dans la plupart des régions de l’île, l’augmentation de la pression démographique conjuguée à des pratiques de culture et d’élevage devenues pour certaines inadaptées à la fragilité des sols latéritiques, entraînent de fortes dégradations de l’environnement (sols, eau, forêts). La mise en valeur de territoires soumis à de fortes contraintes biophysiques (pluviosité, pauvreté des sols, régime hydrique, pentes, …) et socio-économiques (agriculture familiale dépourvue de ressources financières, faible accès aux marchés et aux services de développement, manque d’infrastructures, …) représente donc un enjeu important pour augmenter la production agricole et consolider des économies paysannes appauvries. L’un des enjeux est de consolider ou perfectionner des pratiques agricoles paysannes, performantes et moins consommatrices de ressources naturelles, et soutenir ou rendre plus performants des systèmes de production agro-écologiques.
Publiée dans la collection « Les expériences innovantes d’AVSF » de RURALTER/PRAXIS, cette note retrace les grandes étapes d’une coopération mise en place par AVSF pour la promotion de l’agroécologie paysanne à Madagascar autour du Lac Alaotra, dans le cadre d’un programme du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, et en partenariat avec le CIRAD.
A Madagascar, le concept de diffusion de l’agro écologie est souvent utilisé pour désigner l’appui à la mise en place et l’adaptation de techniques de semis direct sous couvert végétal (SCV), éprouvées en station de recherche avec et chez des paysans expérimentateurs et intéressés. Les SCV peuvent être très intéressants pour les petits paysans, s’ils sont simples et indépendants d’usage de produits chimiques coûteux et pour certains très dangereux. Pour AVSF, au delà de la simple diffusion de nouveaux itinéraires de SCV, il a été tout aussi important de repérer les pratiques agro-écologiques paysannes traditionnelles et de les enrichir de nouvelles techniques susceptibles de les améliorer et d’intéresser les producteurs. Les systèmes agro-écologiques promus sont donc divers et souvent complémentaires : systèmes de semis sur couverture végétale permanente sans intrants chimiques, mais également associations et successions de culture, pratiques d’intégration agriculture-élevage, agroforesterie et bandes enherbées, systèmes de riziculture intensive (SRI) ou améliorée (SRA). AVSF a également développé une démarche visant à intégrer la diffusion ou amélioration des techniques agro-écologiques dans des actions plus larges de développement du terroir : sécurisation foncière, accès au crédit, appui à l’élevage et à la gestion des pâturages, lutte anti-érosive, désenclavement, organisation sociale … Cette démarche consiste à réaliser des diagnostics participatifs, puis à animer des actions individuelles et collectives d’aménagement des terroirs.