Les expériences innovantes d’AVSF : Soigner les Hommes et les animaux au Nord Mali
Publiée dans la collection « Les expériences innovantes d’AVSF » de RURALTER/PRAXIS, cette note présente les résultats d’une action mise en place par AVSF avec l’ONG ADESAH dans plusieurs communes des régions de Tombouctou et de Gao : ce programme a permis la place d’un dispositif innovant de santé mobile animale et humaine pour les populations nomades et leur cheptel au Nord Mali. Dans un contexte d’isolement géographique, d’absence de services de base et d’une proximité homme/animal qui favorise l’incidence des zoonoses (charbon bactérien ou anthrax, parasitisme, tuberculose, brucellose), le service mixte de santé mobile humaine et animale s’est avéré particulièrement bien adapté. Il repose sur deux piliers :un service mobile de santé mixte allant à la rencontre des campements touargs et maures, associé à un service mixte de santé de proximité assuré par des personnes relais formés : auxiliaires d’élevage et des accoucheuses traditionnelles.
L’organisation d’un tel dispositif a rapproché les services de santé de base des populations nomades difficiles à toucher. Le service mis en place a permis d’atteindre les populations les plus enclavées de la zone et d’offrir un service jusqu’alors inexistant dans la plupart des situations, notamment en terme de prophylaxie (vaccination et consultations prénatales en particulier) tant en santé humaine que vétérinaire. Il a permis d’augmenter très fortement les taux de vaccination des populations humaines : 6 fois plus qu’avant-projet et/ou avec les structures préexistantes dans les cas où elles étaient fonctionnelles.
Enfin, étant données les caractéristiques physiques et sociales de ces zones pastorales, un tel service mixte de santé permet de réaliser une économie des coûts de structure : le couplage santé humaine – santé animale permet une réduction des coûts des interventions de 45% par rapport aux stratégies sectorielles.
En dépit de la menace d’insécurité qu’a provoqué l’arrivée au Nord Mali de groupes armés dès mars 2012 et l’intervention militare qui a suivi en 2013, le service mobile de santé mixte s’est maintenu dans toute la zone et a ainsi pallié l’absence des services étatiques. Il fut un court moment suspendu lors des premières semaines de l’opération Serval, en raison des risques encourus par les équipes d’attaques armées et de bombardements. La continuité du service de santé mobile s’explique notamment par le consensus tacite de la population nomade touareg et arabe autour d’un service jugé capital : l’accès à la santé humaine et animale.