Les expériences innovantes d’AVSF : Gestion pastorale au Sénégal
Publiée dans la collection « Les expériences innovantes d’AVSF » de RURALTER/PRAXIS, cette note présente les résultats de l’action engagée par AVSF au Sénégal de 2011 à 2014 avec le soutien de la Région Rhône-Alpes et en appui direct à la Région de Matam. Après la construction d’un forage équipé pour l’alimentation en eau potable des populations et l’abreuvement du bétail à Thionokh, AVSF a proposé un programme d’aménagement et de planification de l’espace pastoral et du territoire reposant sur la création et renforcement d’unités pastorales (UP). L’objectif était d’assurer la régulation équitable et durable de l’accès aux ressources – pâturages et eau principalement – grâce à la mise en pratique du concept d’unité pastorale introduit au Sénégal par diverses structures : une action indispensable dans cette région du Ferlo afin d’assurer avec les populations concernées, une gestion rationnelle de l’ouvrage, l’exploitation optimale et durable de l’espace agrosylvopastoral alentour, mais aussi pour prévenir d’éventuels conflits.
La disponibilité de l’eau sans pâturage ou la présence de pâturage sans accès à l’eau ne permettent pas une conduite durable de l’élevage. En outre, les conflits d’accès à ces ressources sont récurrents entre transhumants et autochtones ou entre agriculteurs et pasteurs. S’ajoutent à cela les difficultés liées à la gestion de forages pastoraux dont les populations ne parviennent pas toujours à assurer les amortissements dans un contexte de libéralisation. Les unités pastorales promeuvent une concertation à touts les niveaux : villages, secteurs, commune. La création des unités pastorales dont le fonctionnement est caractérisé par la transparence et l’équité, a permis une meilleure appropriation du terroir et du développement local par les acteurs, y compris transhumants et autochtones.
L’impact des UP sur le renforcement de la concertation et de la cohésion sociale et sur la gestion des ressources naturelles est perceptible : absence de conflits, actions de restauration et/ou défense des écosystèmes, etc. La gestion des infrastructures en général et hydrauliques en particulier s’est considérablement améliorée, prouvant ainsi que même les forages pastoraux pouvaient être autogérés. Les relations avec la commune et l’autorité administrative sont des meilleurs car elles se sentent elles-mêmes impliquées et responsables.
Pourtant, pour être totalement efficaces à grande échelle, les UP ne doivent pas être créées isolément, mais en grappe sur des territoires voisins et interdépendants. Véritable innovation institutionnelle dont les effets ont été démontrés, les UP devraient aujourd’hui être généralisées à l’ensemble des terroirs pour permettre une parfaite complémentarité entre les zones de départ, de transit et d’accueil des éleveurs transhumants.