C’est le paradoxe du changement climatique : les premières victimes sont les familles rurales des pays du Sud, alors qu’elles en sont les moins responsables.
Les aléas liés au dérèglement climatique ont un impact important sur les ressources naturelles dont dépendent les familles paysannes. Les pertes de récoltes ou d’animaux compromettent leur capacité à se nourrir et à subvenir à leurs besoins. Alors oui, l’adaptation aux effets du réchauffement climatique est possible, mais demande des moyens techniques et financiers qui manquent aux familles rurales les plus pauvres.
AVSF œuvre auprès de ces familles pour trouver avec elles des solutions efficaces, pérennes et accessibles. Exemples dans trois pays.
De la micro-irrigation au Guatemala
Dans le département de Totonicapan, l’allongement de la période sèche due au réchauffement climatique et le manque d’accès à l’eau ne permettent pas aux familles paysannes de produire toute l’année. L’interdiction d’utiliser l’eau de la ville pour les cultures et le manque d’investissement public dans des projets d’irrigation n’arrangent rien.
En 2022, AVSF a appuyé 55 familles paysannes dans l’installation de systèmes de micro-irrigation par goutte à goutte alimentés par les eaux de pluie, notamment pour la culture de choux-fleurs, brocolis, pommes de terres, haricots, et tomates. Ces systèmes ont l’avantage de requérir peu de main d’œuvre et de n’utiliser que l’eau nécessaire en arrosant uniquement la racine de chaque plante. Au-delà des économies réalisées, cela évite la prolifération de mauvaises herbes et de maladies. Grâce à ces systèmes, les familles sont désormais en mesure de produire en saison sèche, et d’améliorer tant leur alimentation que leurs revenus, grâce à la vente de leurs produits sur le marché paysan de la ville.
Des réseaux d’information à Madagascar
Allongement des sécheresses, saisons des pluies de plus en plus imprévisibles, cyclones : Madagascar figure parmi les pays les plus vulnérables au changement climatique, après l’Inde et le Bangladesh. Ces variations ne sont pas sans conséquences sur les habitudes de production des familles paysannes et leurs récoltes. Des conséquences qui peuvent pourtant être réduites si les producteurs ont accès aux informations sur les prévisions climatiques avant et pendant les campagnes de cultures.
C’est tout l’objectif du projet DINAAMICC démarré l’année dernière dans les Hautes-Terres. Grâce à la mise en place d’un réseau construit de manière concertée entre producteurs, services déconcentrés de l’État et acteurs locaux, les familles paysannes reçoivent des informations météorologiques précises, accompagnées de recommandations techniques. Pour adapter leurs itinéraires de production en conséquence (décalage de la date du semis, choix des variétés et des parcelles, etc.), elles sont accompagnées par des techniciens et techniciennes agricoles partenaires du projet. Ensemble, ils élaborent des itinéraires d’adaptation qui prennent en compte le contexte économique, social et culturel des familles ainsi que leurs connaissances et moyens techniques, pour assurer la pérennité des solutions proposées.
De l’enrobage de semences au Burkina Faso
Au Burkina Faso, on observe une tendance au recul de la saison des pluies de 10 jours en moyenne. Dans ce contexte, le semis à sec s’avère une pratique agricole particulièrement utile qui consiste à semer pendant la fin de la saison sèche, entre le mois d’avril et le mois de mai, pour que les cultures de céréales pluviales, comme le sorgho et mil, profitent au mieux des premières pluies.
Pour encourager cette pratique et en améliorer les résultats, AVSF et l’ONG burkinabaise ARFA accompagnent les paysans et paysannes dans la recherche de solutions face au principal obstacle : les oiseaux et insectes qui viennent manger les graines tout juste semées. Pour détourner l’attention des granivores, une des parades consiste à enrober les semences dans un mélange d’argile, de compost, de son de céréales et parfois de cendres. Cette technique permet non seulement de protéger les graines, mais également de diminuer la quantité de semences utilisées et d’éviter l’emploi de produits chimiques, tout en apportant des éléments nutritifs aux jeunes plants. Face à la lenteur de la tâche, la création d’un kit enrobeur-tamiseur a permis de faciliter cette opération et contribue au développement de cette technique prometteuse d’adaptation au changement climatique.