Quand on parle de commerce équitable, deux produits phares nous viennent généralement à l’esprit : le café et le chocolat. Mais savons-nous réellement ce qui se cache derrière ces produits que nous consommons chaque jour ?
Outre le plaisir qu’ils procurent, ces deux aliments ont également en commun leur impact important sur l’environnement, particulièrement sur les forêts, et les conditions de vie précaires des producteurs-ices, si la filière n’est pas bâtie en leur faveur.
Des revenus amers
Cacao comme café sont soumis à une spéculation massive qui rend les prix très volatiles et souvent bas. Bien qu’ils rapportent beaucoup aux acteurs en aval de la filière comme les distributeurs, les cultivateurs, eux, n’ont parfois pas d’autre choix que de vendre à perte.
Mais au sein de ces filières internationales, des marchés de niches valorisant les produits dits “de spécialité” ont commencé à voir le jour. Cette gamme de cafés révèle des saveurs qui se distinguent des cafés de consommation classiques et respecte des critères de traçabilité et de durabilité. Leur production requiert des savoir-faire particuliers (cultures en altitude, systèmes agroforestiers, etc.), très souvent valorisés par un prix détaché de la bourse et jusqu’à deux fois plus élevé. La relation entre producteur-ice et acheteur est généralement plus transparente. Les producteurs-ices ont l’assurance que leur produit sera acheté aux prochaines récoltes et ont parfois accès à des avances financières. Une confiance qui favorise la transition écologique et sociale dont ont besoin ces filières.
C’est ce marché de niche que souhaite atteindre ASOKAPE, au Guatemala. AVSF soutient cette association de 200 producteurs indigènes Qeqch’is dans l’amélioration de son processus de transformation du café et dans la recherche de débouchés rémunérateurs. Une attention particulière est apportée à l’intégration des femmes et des jeunes : les premières s’investissent dans l’amélioration du processus de torréfaction, la notation du café et sa commercialisation, et les jeunes expérimentent et fabriquent des bio-fertilisants et des engrais naturels, comme le lombricompost. Démarré il y a sept mois, le projet mise donc sur l’amélioration de la qualité du café et la valorisation du savoir-faire des producteurs pour leur permettre de vivre mieux.
Cultiver sans déforester
Cultivés en monoculture, sans ombrage, le café et le cacao épuisent les sols. Les producteurs-ices sont donc poussés à utiliser plus d’engrais chimiques, ce qui augmente les coûts de production et amenuise leurs bénéfices, déjà faibles. Pour compenser la maigreur de ces revenus, une stratégie de fronts pionniers se met alors en place : les producteurs-ices empiètent sur les forêts pour agrandir leur surface agricole.
S’ils sont plus répandus en Amérique du Sud, les systèmes agroforestiers cacaoyers se développent progressivement en Côte d’Ivoire avec l’appui d’AVSF depuis 2017. La coopérative CAMAYE par exemple, qui regroupe plus de 1 500 producteurs-ices de cacao, est appuyée dans la mise en place de ces systèmes par le Programme Équité, mené avec Commerce Équitable France. En plus de lutter contre la déforestation, ces systèmes qui associent plusieurs types de cultures aux cacaoyers, sont plus résistants face aux aléas climatiques, améliorent les rendements, favorisent la biodiversité et permettent aux producteurs de diversifier leurs revenus et leur alimentation. Par ricochet, des producteurs alentours s’en sont inspirés et ont reproduit par eux-mêmes de tels jardins cacaoyers : une diffusion spontanée de ces pratiques agroécologiques !
Grâce à de meilleurs revenus et à la prime de développement que reçoivent chaque année les coopératives labellisées, les petits producteurs-ices ont les moyens d’investir dans la mise en place de pratiques agroécologiques qui respectent l’environnement et améliorent les rendements.