Entre 2002 et 2005, AVSF a accompagné les migrations saisonnières masculines des paysans de la paroisse de Tixán, située au centre de l’Equateur. Des migrations qui ont contribué au dynamisme de la vie économique de ce territoire d’altitude et à l’amélioration des conditions de vie des familles résidentes
Dans le cadre de ce projet historique qui a bénéficié à 1700 familles paysannes, AVSF et l’ONG locale CESA ont accompagné ces migrations temporaires vers la ville en formant mieux les jeunes migrants. Parallèlement, les productions locales ont été renforcées et des services et commerces de proximité ont été installés sur le territoire
Migration masculine = précarité féminine
Dans la zone du projet, 50% des familles ont recours à l’immigration, sous différentes formes. Certaines systématiquement, pour les 6 mois de l’année où le calendrier agricole est peu chargé, d’autres ponctuellement, quand la conjoncture est mauvaise (en cas de gelées par exemple). Les conditions de cette migration sont difficiles : en ville, les hommes vivent de petits boulots sous-payés (bâtiment, portage), dorment dans des logements insalubres et se nourrissent mal (pain et soda). Parallèlement, les conditions de vie des femmes au village se précarisent : élevant seules leur famille, surchargées de travail, elles sont exclues des projets collectifs et sociaux sans parvenir à vivre décemment de leurs parcelles, d’où une dépendance accrue à l’argent de l’émigration (en moyenne 60% des revenus familiaux).
300 formations pour des emplois décents en ville
Pour aider les paysans à migrer dans les meilleures conditions possibles, AVSF a organisé des formations professionnelles certifiantes en lien avec les métiers exercés en ville. Ces formations, dont les thèmes et le contenu ont été décidés par les communautés elle-mêmes, ont permis aux jeunes migrants de trouver un travail plus vite et surtout mieux rémunéré. Ils ont aussi repris confiance en eux !
…Et offrir des opportunités de vie
A Tixán, des activités agricoles rémunératrices, économes en main-d’oeuvre ou proches des habitations – comme l’horticulture, l’arboriculture ou encore l’élevage de cochons d’inde – ont été encouragées. Des organisations de femmes ou mixtes ont été soutenues pour prendre en main la transformation et commercialisation du lait en fromage, grâce à de petites laiteries artisanales. Parallèlement, AVSF a amélioré l’accès et la gestion de l’eau d’irrigation, indispensable à l’intensification des pâturages pour l’élevage et la production laitière. Enfin, pour permettre aux familles de rester, AVSF a amélioré l’accès à l’eau potable et soutenu l’installation de plusieurs commerces et services (boulangerie, restaurant, boutique informatique et de reprographie) pour reconstituer un tissu de services et créer des emplois sur ce territoire isolé.
L’augmentation des revenus en ville aurait pu inciter les migrants à partir définitivement : cela n’a pas été le cas. Les revenus de la migration ont servi à la construction de maisons, prouvant que les jeunes migrants continuent à s’installer dans leur région de départ… Preuves que si les migrations sont un ajustement à la pauvreté et au manque d’alternatives, elles peuvent aussi être motrices de développement local ! En outre, la formation professionnelle a eu un effet non-escompté : certains ont cessé de migrer pour se mettre à leur compte sur leur territoire.