Dans le Grand Sud d’Haïti, 75% de la population de la région vit en insécurité alimentaire et subit régulièrement les conséquences des ouragans comme la destruction des cultures, l’érosion des sols et les éboulements de terrain.
Alors que les prévisions indiquent une aggravation des phénomènes climatiques dans les prochaines années, la mise en place imminente d’une agriculture régénérative, résiliente et durable devient une priorité.
Dans ce contexte, AVSF met en œuvre un projet de revalorisation du jardin créole traditionnel, portant sur les systèmes agroforestiers basés sur les caféiers et cacaoyers, qui jouent un rôle majeur dans l’économie nationale et celle des familles rurales, ainsi que dans la préservation des ressources naturelles. Il vise à augmenter les revenus et réduire la vulnérabilité de 5000 personnes dont au moins 2000 jeunes et 40% de femmes répartis dans 7 communes des départements du Sud et de la Grande-Anse.
Produire et protéger
Dans le Sud, le projet intervient en bordure du parc national de Macaya, qui constitue pour Haïti et les Caraïbes l’un des plus importants espaces de conservation de la biodiversité.
Le projet vise l’installation de 240 hectares de systèmes agroforestiers à base de cacaoyers et caféiers selon les considérations techniques suivantes : l’optimisation de la surface cultivable disponible pour la production de cultures pérennes demandées par le marché (café et cacao de qualité) en association avec des arbres forestiers et fruitiers qui fournissent de l’ombrage, permettent la conservation de la fertilité du sol, la fourniture de revenus supplémentaires (avocat, corossols…) et la production d’aliments pour l’autoconsommation comme les bananes, le manioc ou le canavalia (introduit aussi pour ses propriétés antiseptiques bénéfiques au caféier).
Renforcer et pérenniser
Dans la Grande-Anse, le projet prévoit également de régénérer 30 hectares de parcelles cacaoyères vieillissantes et peu productives en collaboration avec 3 coopératives, au bénéfice de 87 producteurs et leurs familles. Pour cette activité, 24 brigadiers ont été formés à la taille des arbres par un spécialiste recruté dans le cadre du projet. Du matériel leur a également été fourni : notamment des équipement de protection, sécateurs, tronçonneuses, bottes.
Créer des opportunités pour demain
Démarré en 2019, le projet poursuit des objectifs ambitieux : le développement des filières café et cacao de qualité, piliers de systèmes agroforestiers résilients et durables, une augmentation des marges agricoles à l’hectare de 135% en moyenne, et la participation accrue des femmes et des jeunes dans ces filières (production, mais aussi fourniture d’intrants écologiques, petite transformation, commercialisation, etc.).
Alors que le milieu rural haïtien est aux prises avec une forte dégradation des écosystèmes et un important phénomène d’exode des jeunes vers les villes qui prive le milieu rural de forces vives et dynamiques, le développement de ces chaînes de valeur contribuera à la création de nouvelles relations des jeunes avec le secteur agricole, vital pour l’économie régionale, et permettra l’émergence d’une nouvelle classe d’agriculteurs apte à introduire des innovations techniques et technologiques pour une meilleure valorisation et préservation du potentiel local.