En Haïti, la cacaoculture occupe plus de 20 000 familles de zones rurales reculées de la Grand’Anse et du Nord. Le cacao est cultivé sous couvert arboré, associé à des cultures vivrières, des bois d’oeuvre et des fruitiers. Ces « systèmes agroforestiers » ont un rôle capital dans la préservation de la biodiversité et des ressources naturelles et associent viabilité économique et durabilité environnementale.
Au cours des années 2000, subissant de plein fouet la dictature des prix sur les marchés internationaux, les paysans ont eu tendance à délaisser le cacao pour des cultures vivrières à cycle court (pois, maïs…), entraînant un vieillissement des plantations, une diminution du couvert végétal lié au défrichement, l’accélération de l’érosion des sols et une précarité accrue des économies paysannes.
Dans ce contexte, AVSF accompagne la Fédération des Coopératives Cacaoyères du Nord (FECCANO) depuis 2008, avec l’appui du Conseil Départemental des Hauts-de-Seine, pour produire un cacao biologique et équitable, commercialisable sur les marchés internationaux tout en s’appuyant sur les jardins agroforestiers traditionnels.
Rajeunir les jardins cacaoyers agroforestiers
L’agressivité des précipitations, associée à une déforestation massive, entraîne érosion et perte de la fertilité des sols, qu’un système agroforestier évite grâce à une couverture végétale du sol permanente. Cependant, la précarité croissante de la population a poussé de plus en plus de familles à abandonner leurs plantations au profit de cultures à cycle court pour limiter l’insécurité alimentaire, voire à abattre leurs cacaoyers pour produire du charbon de bois (pour la cuisson alimentaire).
Pour renforcer la cacaoculture, des formations pour la régénération des jardins cacaoyers ont été dispensées aux producteurs, incluant techniques de taille, fertilisation et greffage. Depuis 2017, plus de 60 ha ont déjà été régénérés.
S’émanciper de marchés volatils
Traditionnellement le cacao haïtien – pourtant réputé – était vendu non-fermenté et de fait à bas prix, car c’est la fermentation des fèves qui valorise les qualités organoleptiques du cacao.
L’installation de 13 centres de fermentation, collecte, séchage et conditionnement, et la formation des producteurs aux techniques de fermentation permettent à la FECCANO d’offrir aujourd’hui près de 265 t/an de fèves de cacao de qualité. En parallèle, AVSF a soutenu la Fédération pour l’obtention et le contrôle des certifications «Commerce Équitable» et «Biologique» pour 1700 producteurs.
La FECCANO a ainsi libéré les petits producteurs du monopole historique d’exportateurs locaux de cacao, grâce à des partenariats commerciaux solides avec des entreprises européennes comme les sociétés Ethiquable et Valrhona, dont l’engagement a permis l’autonomie des coopératives.
…Pour servir de modèle
Depuis 2017, AVSF étend son action dans la région de la Grande Anse. Ses objectifs : créer un réseau de 7 coopératives existantes ou nouvellement créées, nettoyer 300 ha de jardins cacaoyers endommagés par l’ouragan Matthew et en régénérer 40 autres, programmer une certification biologique pour 300 producteurs et planter 45000 cacaoyers associés à 4000 arbres de couverture.