Au sud d’Haïti, le périmètre irrigué d’Avezac, fondé en 1759 sur les communes des Cayes et de Camp Perrin, englobe 3300 hectares répartis entre environ 3000 familles. L’amélioration physique du réseau d’irrigation a été réalisée entre 2013 et 2018 dans le cadre d’un projet gouvernemental de sécurité alimentaire (financé par l’AFD et l’UE). L’association des irrigants d’Avezac (AIDA) a été créée en 2012 pour prendre en charge la gestion du périmètre.
Mais le défaut de communication entre les membres de l’AIDA a rendu stérile toute concertation entre le comité exécutif et les 79 groupements d’usagers (GDU), et impossible toute gestion concertée de l’eau. Pour ouvrir un dialogue et impliquer le plus d’exploitants possible, AVSF en association avec Lisode (Lien Social et Décision) et Montpellier Sup-agro a créé un jeu de rôles dénommé Zacave (anagramme d’Avezac) qui permet de simuler différents scénarii de gestion du périmètre et d’impliquer les irrigants.
Jouer pour apprendre à se mettre d’accord…
Conçu avec un plateau de jeu qui permet à tous les joueurs d’avoir un regard sur l’ensemble du territoire et de voir les effets virtuels de telle ou telle décision, Zacave a été proposé à l’ensemble des acteurs en suivant une démarche pyramidale et progressive. De mai à octobre 2018 se sont succédés 70 ateliers GDU, puis 22 ateliers inter-GDU pour croiser les points de vue a priori divergents des paysans de l’amont et de l’aval, et un atelier final AIDA pour présenter et valider les résultats. Les joueurs ont pu ainsi collectivement explorer des scénarii de situation, tester des solutions et leurs impacts, et se concerter sur des règles de gestion. Les propositions de règles ont d’abord été notées et discutées pendant le débriefing de chaque session. Puis les règles acceptées par la majorité des joueurs ont été rediscutées et affinées avec le comité central de l’AIDA.
…et rendre l’association AIDA efficace
A partir du jeu de rôles, les 1145 participants (soit 1/3 des usagers d’Avezac) ont finalement co-construit les règles de gestion du périmètre concernant la distribution équitable de l’eau, le paiement d’une redevance, l’entretien des infrastructures, le fonctionnement de l’association, et les responsabilités des irrigants. Ils ont également fait des propositions sur la surveillance du périmètre et les services annexes de l’association. L’association en est donc sortie renforcée, avec des membres à l’écoute les uns des autres, un fonctionnement général optimisé, et une vision globale et collective des besoins en eau par l’ensemble des usagers du périmètre.