AVSF intervient dans les départements d’Intibuca et de la Paz dans le cadre du projet Agroécologie Lencas soutenu par l’Union Européenne en faveur des jeunes et des femmes de l’Ethnie Lenca. Cette ethnie indienne est l’une des plus importantes et fait face aujourd’hui à une grande insécurité alimentaire accentuée par les effets du changement climatique. Le projet cible 17 municipalités rurales où la pauvreté touche en 1er lieu les femmes et où de fortes inégalités dans l’équité de genre persistent.
Les femmes Lenca sont victimes de discrimination dans les familles comme dans les communautés et dans la vie de tous les jours par le simple fait d’être une femme. Elles sont aussi victimes de maltraitance et de violence. Alors qu’elles occupent un rôle fondamental dans le foyer, l’éducation et la vie de la communauté, elles sont confrontées à des difficultés pour participer aux activités économiques locales, faire valoir leurs droits et n’ont aucun accès à la terre et contrôle des ressources. En quête d’un avenir meilleur, les jeunes femmes cherchent à migrer dans les grandes villes de San Pedro Sula et Tegucigalpa où elles se retrouvent le plus souvent employées comme domestiques et maltraitées par des employeurs peu scrupuleux. Aujourd’hui, les femmes adultes ont tendance à rester travailler dans les communautés ainsi que les jeunes filles qui ne veulent pas migrer en ville, restant le plus souvent cantonnées aux tâches domestiques.
Pour pallier à cette situation, et favoriser leur insertion dans l’économie paysanne, le projet vise à renforcer leurs capacités économiques en les formant aux pratiques de production agroécologique et à la création d’activités entrepreneuriales (boulangerie artisanale, pépinières de plants de café, etc.). Ces activités leur permettront d’acquérir une indépendance financière. L’autre objectif est qu’elles puissent faire reconnaître leurs droits, défendre leurs positions auprès des municipalités locales en renforçant leurs compétences en plaidoyer.
Pour cela, AVSF et l’association de femmes Las Hormigas, reconnue pour son expérience sur la défense des droits des femmes, et la lutte contre les violences domestiques, forment une vingtaine de femmes sur les droits sociaux et économiques des femmes.
Une école d’incidence politique accueille les jeunes femmes de moins de 30 ans, représentantes de différents réseaux de femmes, issus des municipalités ciblées par le projet.
La formation s’articule autour de 5 modules[1] pour permettre aux participantes d’élaborer des plans et des stratégies de plaidoyer, qui selon les enjeux et défis auxquels elles sont confrontées, porteront sur la participation et le rôle des femmes dans les espaces de décision sur les questions de l’accès à l’eau et aux marchés (locaux et marchés artisanaux), et sur la défense des droits sociaux et économiques des femmes. Une fois formée, les groupements de femmes présentent leurs plans d’actions lors de concours d’incidence politique et se voient remettre une dotation financière leur permettant de mettre en œuvre les stratégies communes, définies dans le cadre de la formation.
Elles pourront par exemple, mener des campagnes d’incidence visant à sensibiliser et interpeller les autorités locales (municipalités) :
– pour qu’elles respectent la loi et dédient une partie de leur budget en faveur des femmes,
– pour qu’elles mettent en place des plans d’actions municipaux en faveur des femmes,
– pour qu’elles organisent la création d’espaces de concertation participatifs où les femmes peuvent exprimer leurs points de vue et positions.
[1] 1) Développement de l’estime de soi et du leadership et initiation au plaidoyer, 2) participation citoyenne et politiques publiques, 3) recherche et analyse pour le plaidoyer, 4) les étapes méthodologiques pour la conception, la planification, la mise en œuvre et l’évaluation du plaidoyer. 5) présentation et évaluation des plans d’action.