Quand bien même certains territoires d’Afrique de l’Ouest ou d’Asie du Sud-est semblent pour l’heure moins impactés en terme de santé humaine, partout des familles et des organisations paysannes que nous accompagnons ont été très affaiblies par les effets collatéraux des vagues successives de la pandémie.
Les mois de confinement et de restrictions accumulés ont eu des conséquences dramatiques sur l’alimentation, la nutrition et les économies de ces familles et organisations. La crise a plus que jamais démontré la vulnérabilité des chaînes de valeurs agricoles à un tel évènement et le chemin qu’il reste à parcourir pour renforcer la résilience des familles paysannes.
Une priorité : assurer la continuité des activités auprès des partenaires
Pour AVSF, dès la première vague, la priorité a été d’assurer la continuité de ses activités au service de ces organisations, pour atténuer les effets de la crise sanitaire et répondre parfois à des situations de crise, tout en assurant au mieux la sécurité de nos propres équipes, de nos partenaires et celle des familles paysannes.
Sur le terrain comme en France, les équipes se sont adaptées pour soutenir nos partenaires, notamment ONG du Sud, touchés comme nous par les impacts de la pandémie et pour poursuivre leurs activités de conseil et d’assistance technique auprès des organisations paysannes, jusqu’à l’utilisation massive de la téléphonie mobile et des outils internet. Des appuis saisonniers indispensables aux producteurs se sont maintenus grâce à la mise en place de protocoles sanitaires stricts (fourniture d’équipements, de plants, mise en place de banques de semences, de périmètres fourragers etc.).
En France comme dans les pays de coopération, AVSF a parallèlement renforcé son dialogue avec ses partenaires financiers pour maintenir ou mobiliser des appuis ad-hoc en réponse à ces besoins inédits.
Soutenir les organisations paysannes vers plus d’autonomie alimentaire et financière
En 2020, en raison des restrictions de déplacements, des fermetures de frontières, de lieux de rassemblement et de vente, de nombreuses familles paysannes se sont vues subitement dans l’impossibilité d’écouler leur production sur les marchés. D’autres ont laissé leurs récoltes pourrir sur pied, par manque de main-d’œuvre agricole ou de capacités de stockage.
Elles ont ainsi perdu le fruit de leur travail et des revenus précieux. S’en est suivie une flambée des prix des denrées alimentaires de première nécessité, en particulier dans les zones rurales isolées. Enfin, la crise sanitaire a mis en difficulté plusieurs coopératives paysannes dans l’activité même de collecte, stockage et commercialisation des produits au profit des familles membres, mettant en péril le maintien d’emploi de fils et filles de paysans.
AVSF a répondu chaque fois que possible auprès de ces organisations en facilitant l’accès à des ressources devenues rares – notamment du fourrage pour des animaux – ou la relocalisation d’échanges commerciaux de produits agricoles et d’élevage au niveau local – par exemple via des programmes d’alimentation d’enfants et produits laitiers dans des cantines scolaires rurales -.
L’objectif visé est tant de lutter contre ces nouvelles vulnérabilités alimentaires et nutritionnelles et assurer une meilleure souveraineté alimentaire des territoires, que de soutenir économiquement les organisations impactées. AVSF a parallèlement veillé au maintien des capacités des organisations paysannes à exporter certaines productions spécifiques sur les marchés du commerce équitable
Une conviction renforcée : plaider en faveur des agricultures paysannes et de la transition agroécologique
La pandémie toujours en cours n’a fait que conforter la pertinence du combat d’AVSF et son plaidoyer en faveur des agricultures paysannes, pour assurer l’avenir non seulement des paysans mais de tous les citoyens, mieux prévenir certaines zoonoses et lutter contre la dégradation de la planète.
Soutenir l’intensification agroécologique des systèmes agricoles et d’élevage paysans pour améliorer leurs performances, c’est aussi protéger la biodiversité et le climat, limiter la dégradation d’espaces fragiles, pastoraux et forestiers notamment, habitats naturels de nombreux vecteurs de zoonoses.
Consolider des systèmes de santé animale de proximité au plus proche des éleveurs, c’est non seulement améliorer les performances de ces élevages paysans mais aussi être capable de détecter et agir vite en cas d’épizooties. Au Laos, les dons recueillis en 2020 par AVSF permettent actuellement la formation d’éleveurs en biosécurité, afin d’endiguer une autre pandémie moins médiatisée, celle de la peste porcine africaine, qui décime les élevages porcins en Asie du sud-est et provoque des drames pour les familles touchées.
Enfin, relocaliser les échanges, favoriser les marchés locaux et régionaux et oeuvrer parallèlement à des filières plus équitables au niveau international, c’est limiter la dépendance extrême et la trop grande fragilité de certains territoires au commerce international tout en consolidant des organisations paysannes et leur autonomie sur des marchés durables et plus justes.
C’est là le sens de l’action d’AVSF, plus que jamais nécessaire pour renforcer l’autonomie des familles paysannes, lutter contre des inégalités croissantes et lutter contre la dégradation du vivant.