Entre 1964 et 2016, le conflit armé colombien a fait 260 000 morts, 45 000 disparus et 6 millions de déplacés et constitue, selon l’ONU, «la plus grande catastrophe humanitaire de l’hémisphère occidental». Après de nombreuses tentatives infructueuses, un accord de paix historique est signé le 24 novembre 2016, entre le gouvernement et la principale guérilla, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Depuis, sa mise en oeuvre rencontre de fortes difficultés.
Dans ce contexte, AVSF et ses partenaires colombiens ADC, Shaquiñan, Fundesuma, Funcop et FCN mènent le projet ECOPAZ.
Il vise à stabiliser et construire la paix et la bonne gouvernance de ces territoires ruraux impactés par le conflit armé, en renforçant 35 organisations communautaires et les réseaux agroécologiques des départements de Cauca et de Nariño.
Des communautés encore fragiles
Les départements de Cauca et Nariño se caractérisent par une population majoritairement rurale (plus de 60% vit à la campagne) issue de communautés paysannes, indigènes et afro-colombiennes et avec un indice de pauvreté élevé. Celles-ci produisent principalement café, maïs, haricots, canne à sucre, lait, tubercules ou encore quinoa, sur des petites exploitations de moins de 2 hectares. Elles font face à des conditions de commercialisation adverses, ce qui conduit les familles à migrer parfois très loin de leur domicile vers les villes ou sur d’autres plantations. Tant la sortie du conflit armé que la fragilité de ces agricultures contribuent à la déstabilisation économique et du noyau familial au sein des communautés.
Générer des capacités et favoriser l’entraide
Dans le cadre du projet, les équipes d’AVSF et leurs partenaires locaux se sont appliqués d’une part à améliorer la production et la commercialisation de produits agroécologiques de 35 organisations autochtones, paysannes et afro-descendantes de 24 cantons. Le projet vise d’autre part à augmenter l’incidence politique de ces organisations dans la conception et la co-exécution de plans de développement municipaux. Ces organisations ont également pu bénéficier de formations en agroécologie, en planification territoriale ou encore à l’égalité hommes-femmes et participer à des visites itinérantes dans d’autres organisations pour partager leurs expériences et constituer des réseaux d’entraides.
Pour augmenter l’incidence politique
Les équipes mettent également l’accent sur une plus grande cohérence et articulation des actions au sein des réseaux agroécologiques, notamment le Mouvement Agroécologique Latino Américain, grâce à des initiatives communes de promotion de l’agroécologie, d’échanges thématiques d’expériences aux niveaux régional, national et latino-américain.
Et poser collectivement les bases de la paix
A ce jour, le projet a déjà formé 93 leaders communautaires en agroécologie et 82 en gestion territoriale (98 femmes, 77 hommes). Il a aussi permis la création du réseau agroécologique du département de Nariño, lancé un processus de construction d’une éco-région dans le département de Cauca, inséré l’agroécologie dans 20 plans de développement municipaux et cofinancé 39 projets agroécologiques qui bénéficient à 3207 familles autour de nouvelles relations ville – campagne.