À l’occasion du Sommet Nutrition For Growth qui se tient à Paris les 27 et 28 mars, AVSF défend l’agroécologie paysanne comme solution concrète et réaliste. En 2023, environ 733 millions de personnes dans le monde ont souffert de la faim, soit 9,1 % de la population mondiale, l’équivalent d’1 personne sur 11. Plus de 36 millions d’enfants de moins de 5 ans souffre de malnutrition aiguë dans 32 pays et 148 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent d’un retard de croissance.
Dans tous les pays du monde, la malnutrition, sous toutes ses formes – dénutrition, carences, surpoids ou obésité – reste un défi majeur qui impacte la santé et le développement des populations. Face à cette urgence, l’agroécologie paysanne représente une réponse efficace et durable.
Voici 5 raisons pour lesquelles elle devrait être intégrée aux politiques publiques nationales pour lutter contre la malnutrition et l’insécurité nutritionnelle.
1. Diversifier l’alimentation et assurer une meilleure qualité nutritionnelle
L’agroécologie encourage la diversité des cultures (céréales, légumineuses, fruits, légumes) et des élevages ; elle améliore la disponibilité d’aliments variés et riches en nutriments essentiels. Contrairement aux systèmes de production en monoculture et monoélevage, elle permet une alimentation plus équilibrée et nutritive, adaptée aux besoins des populations.
2. Être plus résilient face aux crises alimentaires
Dans un contexte de changement climatique et de crises multiples (sécheresses, conflits, pandémies…), l’agroécologie réduit la dépendance aux intrants de synthèse et aux importations, rendant les systèmes alimentaires plus autonomes et résilients face aux chocs.
3. Favoriser l’accès à une alimentation saine et locale
En s’appuyant sur l’agriculture familiale et des circuits plus courts, l’agroécologie améliore l’accès à des aliments sains et nutritifs, notamment pour les populations rurales les plus vulnérables qui souffrent souvent d’insécurité nutritionnelle. De plus, des filières d’exportation de produits agroécologiques et biologiques (café, cacao, fruits, épices…) permettent aux consommateurs du monde entier de bénéficier d’aliments sains et de qualité, tout en soutenant les petits producteurs, lorsque ces filières adoptent des pratiques de commerce équitable.
4. Protéger les sols et l’environnement
Les pratiques agroécologiques (rotations de cultures, intégration agriculture-élevage, agroforesterie, conservation des sols, lutte biologique, …) préservent les écosystèmes, et favorisent une biodiversité riche et des sols fertiles. Or, des sols en bonne santé produisent des aliments plus nutritifs, contribuant ainsi à la lutte contre les carences alimentaires.
5. Favoriser l’autonomisation des producteurs
En limitant l’usage d’engrais et pesticides de synthèse coûteux, l’agroécologie renforce l’autonomie économique des petits agriculteurs, leur permettant d’améliorer leurs revenus et l’accès à une alimentation suffisante pour leur famille.
L’agroécologie n’est donc pas seulement une alternative aux modèles agricoles intensifs, c’est une stratégie essentielle pour assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle de manière durable. Parce qu’elle permet de produire mieux en respectant la nature et de garantir un accès équitable à des aliments sains pour tous, elle contribue à bâtir un système alimentaire juste, résilient et durable pour tous.
C’est pourquoi, à rebours de la récente décision en France, où le terme même d’agroécologie a été écarté de la nouvelle loi d’orientation agricole adoptée par le Parlement, il est essentiel d’intégrer et de renforcer le soutien à l’agroécologie paysanne dans les politiques publiques partout dans le monde.
Quelques actions emblématiques d’AVSF
GUATEMALA – Projet MIA (Marchés et intensification agrécologique) : Des organisations paysannes Q’eqchi’ et K’iché’ actives sur les marchés
Structurer des filières de produits agroécologiques et diversification de marchés rémunérateurs locaux et internationaux pour plus de 600 producteurs.trices indigènes Q’eqchi’ (25% de jeunes, 40% de femmes) de café, cacao, produits maraichers et de l’élevage, permettant l’adaptation au changement climatique et le maintien de la biodiversité.
HAÏTI – Projet PROSISAR (Promotion des filières agricoles pour la Sécurité Alimentaire et l’Amélioration des revenus paysans) : Lutte contre l’insécurité alimentaire sur le Plateau Central (projet mené avec le mouvement haïtien des paysans de Papaye MPP)
Accompagner 1444 ménages ruraux des communes de Mirebalais, Hinche, Maïssade et Cerca-la-Source pour améliorer la productivité des filières agricoles prioritaires (maïs, haricot, manioc, maraîchage, canne à sucre), la valorisation des produits agricoles et la diversification des revenus.
MADAGASCAR – Projet FIOVANA : Accès à une nutrition de qualité au Sud-est de Madagascar
Soutenir plus de 1000 producteurs et leurs groupements sur des filières agricoles locales et à l’export : volaille, petits ruminants, apiculture, pisciculture, maraichage, fruits exotiques, vanille, etc. pour améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle et la résilience des ménages extrêmement pauvres et chroniquement vulnérables de la région de Manakara à Madagascar.
MADAGASCAR – Projet TAMBATRA : Lutte contre la malnutrition infantile sur les Hauts Plateaux malgaches (projet mené par l’Alliance AVSF-Gret)
Réduire la malnutrition infantile par l’amélioration de la production agroécologique d’une alimentation diversifiée à haut potentiel nutritif et de la sécurité alimentaire et nutritionnelle en milieu rural de 22 quartiers/Fokontany des communes de Fiaferana, Manandriana et Vilihazo sur les hauts plateaux malgaches en zone périurbaine de Antananarivo, avec organisation de la distribution en circuit court, notamment via les cantines scolaires.
SENEGAL – Projet NIAMDE : Circuits courts et cantines scolaires (projet mené avec l’ONG sénégalaise CICODEV et le GRDR)
Améliorer la sécurité alimentaire et les conditions d’apprentissage de 9000 enfants dans 54 cantines scolaires de 9 départements vulnérables qui s’approvisionnent en circuits cours ; soutenir la relance économique de 20 entreprises et coopératives agro-alimentaires du système alimentaire des départements de Linguère, Ranérou, Kolda et Vélingara.