En 2013, à la suite de conflits entre populations autochtones, colons et exploitants forestiers, le gouvernement équatorien a instauré une zone tampon à l’ouest du parc. L’objectif de cette zone de 36 507 hectares, appelée « bande de diversité et de vie », est d’empêcher l’extension de la frontière agricole sur la forêt et de protéger les peuples autochtones Taromenane et Tagaeri qui y vivent en isolement volontaire.
Vers une gestion plus durable du territoire
La gestion de cette zone tampon s’est cependant avérée périlleuse, les réglementations et engagements pris n’ont pas forcément été respectés. Pour y remédier, AVSF accompagne les représentants communautaires du comité de gestion de cette zone dans l’actualisation des plans de gestion territoriale pour répondre à des objectifs explicites de réduction de la déforestation, de respect des lois et ententes préétablies, et de développement d’activités agricoles durables. L’action d’AVSF en bordure du parc Yasuni s’inscrit dans le cadre d’un projet transfrontalier plus large de lutte contre la déforestation et de développement durable du bassin amazonien, le projet TerrAmaz.
En Équateur, l’objectif est de faire de cette « bande de diversité et de vie » du Parc Yasuni un modèle de développement respectueux de l’environnement et des écosystèmes, notamment en faisant évoluer les pratiques agricoles pour réduire les émissions de CO2 et protéger la forêt et la biodiversité. Cet objectif ne peut être atteint qu’en associant les différentes parties prenantes aux décisions (communautés paysannes et autochtones, autorités locales, État). AVSF soutient cette nécessaire concertation pour parvenir à établir de manière consensuelle des documents de référence : formalisation des propriétés foncières et des limites du parc Yasuni, etc.
Objectif zéro déforestation
Les forêts abritant près de 75 % des espèces animales et végétales terrestres, la déforestation et la dégradation des espaces forestiers participent fortement à l’érosion de la biodiversité. Le projet TerrAmaz accompagne les habitants et institutions de ces territoires amazoniens dans la mise en œuvre de politiques publiques de lutte contre la déforestation. L’enjeu est aussi de faire adhérer les populations locales aux pratiques agroforestières et agroécologiques qui favorisent l’augmentation de la végétation naturelle, préservent la fertilité des sols et améliorent les rendements. Pour cela, des sessions de formation et des temps d’échanges de bonnes pratiques entre les paysans sont organisés. Le projet vise à former au moins 100 familles paysannes, de manière inclusive et participative, qui mettront en œuvre ces pratiques sur plus de 900 hectares. Un mécanisme innovant de financement a été mis en place pour financer les initiatives paysannes, proposées par des paysans individuels ou des groupes.
Si les familles paysannes parviennent à augmenter la productivité de leurs terres, elles auront naturellement moins besoin d’étendre leur surface agricole sur la forêt. Elles épargneront ainsi des arbres et préserveront la biodiversité associée.
L’Amazonie abrite à elle seule 15 % de la biodiversité mondiale. Selon les chercheurs, elle s’approche pourtant dangereusement du « point de bascule » qui la mènerait vers un assèchement irréversible et la transformerait en savane. Il est urgent d’agir !