Une des solutions trouvées pour réduire la pression sur les forêts et améliorer les conditions de vie des familles est le développement de la méthanisation à petite échelle. Il s’agit de produire une énergie renouvelable issue de la transformation de matière organique en biogaz, pour remplacer le feu de bois.
Un biodigesteur, comment ça marche ?
Pour produire ce biogaz, des petites unités de méthanisation appelées biodigesteurs, sont construites à l’échelle d’une concession familiale. Ces derniers sont ensuite quotidiennement alimentés par un mélange de bouses de vache et d’eau qui, par fermentation, produit un gaz utilisable pour la cuisine. Pour produire l’énergie nécessaire à une heure de cuisson, il faut 25 kg de bouses de vache mélangées à 25 litres d’eau. En plus d’épargner des arbres, cette action permet d’éviter que les déjections animales se décomposent au soleil et produisent des gaz à effet de serre.
Quels impacts sur le travail agricole ?
Les biodigesteurs présentent un avantage de taille pour l’agriculture : le digestat, un excellent fertilisant naturel. Pour les familles paysannes qui dépendent majoritairement de l’agriculture, c’est une véritable aubaine. L’utilisation de ces déchets organiques issus de la méthanisation pour fertiliser les champs a permis de dépasser les rendements de la culture conventionnelle, voire de doubler les rendements du sorgho !
Traditionnellement les vaches sont élevées en semi-liberté, elles divaguent le jour et passent la nuit en enclos. Le travail mené sur la sédentarisation des vaches laitières en étables permet entre autres d’accroître la production laitière et de récupérer plus de déjections animales. Cette sédentarisation partielle a également un impact positif sur la santé des bœufs de traction en début de saison, indispensables pour le travail du sol et le transport de matériaux agricoles. Il faut toutefois souligner qu’augmenter le nombre d’animaux en étables demande aussi plus d’efforts et de temps aux éleveurs pour subvenir aux besoins de leur troupeau, notamment en nourriture et en eau.
Soulager le quotidien des femmes
La recherche de bois pour la cuisson des repas est un exercice pénible qui incombe aux femmes du village, comme en témoigne Fanta Taunkara : « nous les femmes, nous rencontrons beaucoup de difficultés dans la recherche de bois : la distance est longue, souvent des serpents nous mordent, nos pieds sont blessés par la hache et dans la cuisine, la fumée nous fait mal aux yeux. ».
L’utilisation de biodigesteurs permet d’alléger le quotidien des femmes et de réduire d’environ trois heures par jour le temps de cuisson des aliments. Un gain de temps non négligeable ! Sans compter l’amélioration indéniable sur la santé, en particulier des femmes et des enfants, qui n’ont plus à subir les fumées toxiques dégagées par la cuisine au bois.
Pour continuer d’améliorer les rendements de terres agricoles pauvres, protéger les forêts et réduire la pénibilité du travail des femmes, ce sont 2 500 biodigesteurs qui devraient être construits au sein de 512 villages dans le cadre du projet MERIT.