Face à cette situation, le gouvernement malgache a mis en place un Plan National d’Actions en Nutrition dans lequel s’inscrit le projet Tambatra, qui signifie « Ensemble ». C’est en produisant une alimentation diversifiée à haut potentiel nutritif et en la distribuant en circuit court, notamment dans les cantines scolaires, que le projet entend réduire la manutrition infantile.
Fertiliser les sols grâce à l’élevage
Chez les paysans et paysannes malgaches, il n’est pas rare que quelques porcs ou poules soient présents sur l’exploitation. Il est cependant plus rare que la présence de ces derniers soit réellement valorisée. Pourtant, associer élevage et agriculture est une pratique ancienne qui permet, par exemple, de trouver des alternatives naturelles aux engrais chimiques.
L’utilisation des déjections animales pour fertiliser les sols ne date pas d’hier, que ce soit en les répandant telles quelles dans les champs ou après les avoir transformées en compost. Cette pratique est pourtant peu répandue à Madagascar où toute utilisation des déjections, humaines ou animales, a longtemps été considérée comme fady, c’est à dire taboue, notamment à cause des maladies dont elles peuvent être des vecteurs. Pour lever ce frein, une approche pédagogique et inclusive permet d’amener les paysans à passer d’une vision négative de ces matières à une acceptation des bénéfices qu’elles peuvent apporter.
D’autant que la fumure organique a l’avantage de procurer des nutriments qui restent plus longtemps dans le sol que des engrais chimiques. Elle contribue aussi à un meilleur développement des racines et de la microfaune.
Des gains financiers pour les paysans
L’élevage permet également aux paysans de diversifier leurs produits, que ce soit pour leur consommation, la commercialisation ou la valorisation dans les cantines scolaires. Le porc, par exemple, est la viande de consommation courante la plus chère de l’île et présente donc une opportunité de rentabilité importante pour les éleveurs.
De plus, associer élevage et cultures végétales permet de valoriser tout ce qui n’est pas considéré utile après la récolte. Par exemple, les feuilles de haricots peuvent servir à nourrir le bétail, ce qui permet de limiter la dépendance des éleveurs aux aliments extérieurs et de réaliser des économies.
Avec l’appui d’AVSF, 49 fermes-écoles ont vu le jour. Elles sont un point d’apprentissage et d’échanges pour diffuser avec les paysans des systèmes polycultures-élevage efficaces. Les résultats sont prometteurs : le nombre d’élevages de volaille a été multiplié par 6 ! En plus de l’apport nutritionnel important pour les ménages, le commerce de volaille et d’œufs leur a permis d’augmenter considérablement leurs revenus avec un prix de vente trois fois supérieur à l’investissement de départ.
Ce projet montre ainsi deux réalités : d’abord que les principes modernes de l’agriculture dite « conventionnelle » ont mis à mal des pratiques d’association agriculture-élevage pourtant millénaires, et que ces pratiques ont encore du sens aujourd’hui puisqu’elles apportent toujours de multiples avantages.