Manger du chocolat oui, mais à quel prix ?

Producteurs de cacao au Pérou

Les français-es aiment le chocolat : en 2021, la France en a consommé environ 350 000 tonnes. Pourtant, loin du regard des consommateurs-ices, le commerce du cacao cache souvent une dure réalité pour les producteurs-ices et pour l’environnement.

Le désastre de la filière cacao conventionnelle

La très grande précarité des cacaoculteurs-ices

Le cacao est soumis à une spéculation massive qui rend les prix très volatiles et souvent bas. Bien qu’il rapporte beaucoup aux acteurs en aval de la filière comme les distributeurs, les cultivateurs-ices, eux, n’ont parfois pas d’autre choix que de vendre à perte.

Les chiffres sont tristement éloquents : alors que l’industrie mondiale du chocolat a généré en 2021 un chiffre d’affaires de 100 milliards de dollars (source ICCO), les producteurs-ices n’en touchent que 2% ! En Côte d’Ivoire, premier exportateur de cacao, plus de 50% des cacaoculteurs-ices vivent en dessous du seuil de pauvreté.

L’impact sur les sols et les forêts

Le cacaoyer a besoin d’ombre pour donner son plein potentiel. Pourtant, les services de vulgarisation agricole promeuvent depuis des décennies auprès des cacaoculteurs-ices des techniques reposant sur la monoculture et l’usage d’intrants chimiques au sein de cacaoyères dont la fertilité des sols a considérablement chuté et les arbres sont de moins en moins productifs.

Aussi, pour produire plus et compenser la maigreur de leurs revenus, les producteurs-ices optent souvent pour une stratégie de fronts pionniers : ils et elles empiètent sur les forêts pour agrandir leur surface agricole et bénéficier de terres plus fertiles. Depuis les années 70, la surface dédiée à la production a doublé (de 4 à 10 millions d’hectares), participant à la déforestation et à une érosion massive de la biodiodiversité.

Dans de telles dynamiques, la culture du cacao constitue donc un moteur important de déforestation dans les pays producteurs. Sans que cela ne résolve pour autant l’équation entre cacaoculture et dégradation de la fertilité des sols. La fertilité de ces sols forestiers nouvellement cultivés se dégradant en effet progressivement à son tour, faute d’apports en matière organique et d’arbres d’ombrage…

Des alternatives techniques efficaces

Pourtant, les dégâts environnementaux et sociaux de la filière cacao ne sont pas une fatalité ! AVSF promeut des alternatives techniques efficaces dans huit pays producteurs et exportateurs de cacao en Afrique de l’Ouest, Amérique Latine, à Haïti et à Madagascar. Ainsi, l’an dernier, l’ONG a pu promouvoir 13 pratiques agroécologiques au sein de 26 organisations de producteurs d’Afrique de l’Ouest, dans le cadre du Programme Équité, mené avec Commerce Équitable France.

L’agroforesterie

À rebours de la monoculture, l’agroforesterie associe des cultures vivrières et fruitières et des arbres fertilitaires et d’ombrage aux cacaoyers. En plus de lutter contre la déforestation, ces systèmes sont plus résistants face aux aléas climatiques, améliorent les rendements, favorisent la biodiversité et permettent aux producteurs-ices de diversifier leurs revenus et leur alimentation.

Système agroforestier cacaoyer

Une juste rémunération

Pour mettre en place ces systèmes agroforestiers, encore faut-il que les producteurs-ices aient les moyens d’investir ! La meilleure rémunération des producteurs-ices est la pierre angulaire de la durabilité de la filière. Selon le BASIC, à marge constante pour les acteurs de l’aval, doubler le prix payé aux cacaoculteurs-ices n’augmenterait que de moins de 20 centimes le prix de la tablette en Europe. Les prix payés aux cacaoculteurs-ices doivent impérativement leur permettre d’atteindre un revenu leur permettant à la fois de faire face aux besoins essentiels de leurs familles, et de couvrir les coûts de production qu’impliquent les pratiques agroécologiques.

Il est urgent que les principaux négociants, importateurs, distributeurs prennent conscience de cette nécessité et réduisent leur marge au bénéfice de prix supérieurs payés aux cacaoculteurs-ices. Pour cela, des politiques publiques ambitieuses semblent essentielles pour réguler la filière et garantir sa durabilité, dans les pays producteurs comme dans les pays consommateurs.

Cette journée mondiale du cacao doit donc servir à interpeler les principaux acteurs de la filière quant à l’urgence d’actions d’envergure et concrètes pour, au-delà des discours, assurer enfin la durabilité de la filière cacao !

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Mise au point et diffusion de techniques agricoles pour augmenter la productivité des systèmes agroforestiers à dominante cacao et leur adaptation au changement climatique.

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Projet Cacao biologique et équitable : renforcement d’une organisation de 500 familles de petits-es producteurs-ices regroupées au sein de de l’union Atsèmawoè pour la production et commercialisation de cacao bio et équitable

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