En Mongolie, un tiers de la population a entre 15 et 34 ans. Parmi les jeunes ruraux, plus d’un sur trois rencontre des problèmes liés à l’emploi, que ce soit en termes de salaires, de débouchés ou d’accès à une éducation de qualité.
Cette précarité de l’emploi, couplée à de longs hivers et à l’éloignement des lieux de socialisation, de décision, des services et des commerces, pousse les jeunes générations à délaisser la vie en steppe au profit des villes, comme Oulan-Bator, la capitale. Pourtant, l’économie rurale reste l’épine dorsale de la stabilité et du développement socio-économique du pays.
Redorer le blason de l’élevage
Face à cette migration urbaine, sensibiliser les jeunes à l’importance des métiers de l’élevage est un défi de taille. Batsukh Purevsuren, éleveur accompagné par AVSF, témoigne de son inquiétude : « Nous avons un gros souci par rapport à la jeune génération qui ne veut pas du tout reprendre les activités d’élevage. Ils partent en ville chercher des emplois. Ils ont raison car avec l’élevage les revenus sont bas et ils ont besoin d’argent pour faire vivre leur famille. J’ai l’impression que personne ne va rester dans l’élevage à l’avenir. Il faut agir maintenant et générer des emplois au niveau local. »
Entre une forte dégradation des pâturages, des conditions de travail extrêmes et des revenus instables, le secteur de l’élevage a en effet mauvaise presse. Pourtant, cette pratique traditionnelle a non seulement le mérite de faire vivre plus de 200 000 ménages à travers le pays mais c’est également l’unique manière de valoriser les ressources naturelles de certains territoires. Afin de rehausser l’intérêt porté aux métiers liés à cette activité ancestrale et susciter des vocations, AVSF et ses partenaires mettent par exemple en place des « classes vertes » dans le cadre d’un projet démarré en début d’année. L’espace d’une journée, des collégiens et collégiennes peuvent se mettre dans la peau d’un éleveur, vétérinaire ou technicien. Des interventions de l’équipe du projet « WIFI » sont également prévues dans plusieurs établissements scolaires pour présenter le métier de vétérinaire.
Femme et jeune, la double peine
Si la situation des jeunes ruraux en Mongolie est précaire, le tableau se noircit davantage pour les jeunes femmes. La patriarcat étant particulièrement marqué dans les zones rurales, les jeunes femmes peinent en effet à s’engager dans des activités économiques et à participer sur un pied d’égalité à la prise de décision.
Dans la région de l’Arkhangaï, le projet « PLEDGE » dont les activités débutent cet été, apporte ainsi un appui spécifique à plus de 90 jeunes femmes pour leur permettre d’accroître leurs revenus et de se rassembler en collectifs.
L’objectif est de développer une filière laitière de qualité et durable, portée par des groupements de jeunes éleveuses nomades. Pour cela, les jeunes femmes recevront des formations ciblées sur la gestion durable des troupeaux, mais également un accompagnement sur la structuration et l’animation de collectifs ainsi que sur la valorisation de leurs productions : marketing, packaging, recherche de marches, etc.
Quelles perspectives d’avenir?
Les jeunes constituent une partie dynamique de la société civile. Ils et elles démontrent souvent une plus grande capacité d’adaptation et d’innovation. Travailler main dans la main avec les nouvelles générations est donc essentiel pour aboutir à des changements de pratiques d’élevage nomade en Mongolie qui répondent aux défis actuels de surpâturage et de désertification.
Nos équipes travaillent actuellement à l’élaboration d’un nouveau projet afin de soutenir l’émergence d’un comité de jeunes éleveurs et éleveuses au sein du réseau de coopératives Eeltei Baylag, accompagne par AVSF depuis plus de 10 ans sur la filière cachemire. L’enjeu sera également de renforcer les connaissances des jeunes sur les enjeux environnementaux, de même que sur des thématiques transversales comme le leadership ou la collecte de fonds, et de faciliter leur mise en réseau avec des partenaires locaux. Notre ambition est de les amener à devenir des porte-paroles convaincants auprès de leurs pairs et des autorités locales. Les jeunes éleveurs mongols deviendront ainsi la voix d’un avenir plus vert et seront habilités à jouer un rôle majeur dans la durabilité des filières.