L’arrivée imminente des fêtes de fin d’année est l’occasion de s’offrir du chocolat équitable et solidaire. L’achat d’une tablette de chocolat Terra Etica dans les magasins Biocoop permet de reverser 20 centimes d’euros à AVSF. 100% bio, issue du commerce équitable et fabriquée dans la chocolaterie de la Scop dans le Gers, cette tablette militante soutient l’agriculture paysanne et préserve la planète.
« Cette tablette est la preuve qu’il est possible de structurer des filières, de la production à la commercialisation, qui limitent le nombre d’intermédiaires, rémunèrent justement les producteurs et leurs organisations, et leur rendent leur pouvoir d’agir » – Romain Valleur, chargé de programme « organisations paysannes et marchés » au sein d’AVSF.
Comment AVSF a accompagné la réussite de Norandino ?
Face à la concurrence déloyale des multinationales chocolatières, qui piègent les producteurs de cacao dans la pauvreté, ceux-ci n’ont pas d’autres choix que de se regrouper en organisations ou coopératives pour défendre leur droit et obtenir des prix justes et des revenus décents. L’histoire de Norandino, accompagnée par AVSF, en est un exemple remarquable.
Retour sur les origines de la coopérative
Créée dans la région de Piura au nord du Pérou, la coopérative Norandino réunissait d’abord des organisations paysannes productrices de café. Ce regroupement permettait de collecter de gros volumes de café, déjà commercialisés en commerce équitable vers les marchés européens. Dans les années 2000, les paysans ont choisi de diversifier leur production avec du sucre de canne intégral puis du cacao.
Ce n’est pas n’importe quel cacao qui fut et qui est toujours cultivé : le cacao criollo est une variété rustique et locale, à l’arôme fin et remarquable. Si le criollo est moins productif, il permet aux paysans de positionner leur cacao sur une gamme de bien meilleure qualité et d’en retirer de meilleurs prix. Une stratégie payante, puisque les marchés et consommateurs sont devenus de plus en plus exigeants. La réussite de cette entreprise a notamment été rendue possible grâce à l’appui technique de deux ONG.
Comment AVSF et Progreso ont-elles appuyé Norandino ?
C’est en 2005 qu’AVSF et Progreso ont commencé à appuyer Norandino en apportant d’abord une assistance technique : c’est-à-dire former les producteurs, réinstaller la variété criollo dans les parcelles, convertir en bio certaines productions, centraliser le cacao frais pour la fermentation et le séchage des fèves dans un lieu commun, afin d’homogénéiser sa qualité. Des techniciens sont formés pour effectuer le contrôle qualité et mener à bien ces étapes fondamentales.
AVSF et Progreso renforcent également les capacités de gestion de Norandino et des organisations paysannes, afin de les rendre autonomes et pérennes (formations dans le suivi administratif, comptable et financier).
Enfin, la recherche de débouchés via le commerce équitable a fait l’objet d’un effort continu. AVSF et Progreso ont effectué un travail de mise en relation entre les producteurs et les clients internationaux : participation à des foires et salons, invitations de potentiels acheteurs à visiter les organisations paysannes, création d’un Salon du chocolat au Pérou, positionnement sur les marchés équitables, etc. Depuis les débuts, la Scop Ethiquable n’a cessé de se fournir auprès de Norandino, constituant ainsi son principal client, rejoint plus tard par Valrhona et d’autres chocolatiers.
Aujourd’hui, Norandino exporte 2000 tonnes de cacao par an, dont une bonne partie en bio, à un des prix les plus élevés de Pérou, au bénéfice des 7000 producteurs membres. Mais la coopérative a décidé d’aller plus loin : construire une usine de transformation des fèves de cacao en masse de chocolat. Cet investissement considérable lui permet d’obtenir la plus-value de cette transformation, autrefois confisquée par les chocolatiers occidentaux, et d’augmenter encore le prix de vente de sa production.
Déploiement politique de Norandino
Le succès éloquent de Norandino n’a pas interrompu l’aide d’AVSF et Progreso. Au-delà de l’assistance technique et des formations classiques, l’originalité du projet réside dans l’encapacitation des producteurs à défendre leurs droits au niveau politique et institutionnel, aux niveaux territorial, national et international.
Quelle que soit l’échelle, l’enjeu est toujours le même pour ces organisations de producteurs : collecter et partager les informations de la filière, former ses membres, construire un argumentaire solide à soumettre aux institutions, et in fine influencer les politiques publiques en faveur des producteurs de cacao et d’un modèle agricole respectueux de l’environnement.
Au cours des 20 dernières années, le développement de Norandino, dont AVSF est fière d’avoir fortement contribué, est la preuve que les organisations paysannes sont les meilleures instances pour défendre les droits des producteurs, qui ont pu voir leur niveau de vie s’améliorer. Dans un contexte où la filière est cadenassée par les multinationales qui soutiennent une agriculture industrielle néfaste, elles représentent également un espoir pour un modèle de production agroécologique et agroforestier respectueux des écosystèmes, de lutte contre la déforestation et contre le travail des enfants.