Un contexte complexe qui ne garantit pas la sécurité alimentaire des populations
En 2019 la pauvreté et l’insécurité alimentaire à Madagascar atteignaient des proportions dramatiques. 79 % de la population se situe en-dessous du seuil de pauvreté, fixé à 1,9 USD par jour et par personne, un taux qui atteint plus de 82% dans les campagnes. En effet, même si la croissance du PIB a accéléré entre 2013 et 2017, passant de 2,3 % à environ 4,2 %, pour s’établir à 5 % en 2018, on observe que les principaux moteurs de croissance sont concentrés dans les secteurs de l’industrie et des services, qui profitent largement à la population urbaine, tandis que la population rurale continue d’exercer des activités agricoles exclues de la reprise économique.
Cependant, l’agriculture reste un secteur crucial : les paysans représentent plus de 70 % de la population mais rencontrent de nombreuses difficultés : absence de services, difficultés d’écoulement des produits ou d’accès au capital, etc. Faits aggravants : la terre est répartie de façon inégalitaire, et le pays subit une déforestation dramatique, conséquence du défrichement pour la production de charbon, la collecte de bois de chauffe ou de construction, de la pratique de la culture sur brûlis ou de l’exploitation commerciale illicite de bois précieux. Madagascar est par ailleurs considéré par les experts du GIEC comme l’un des trois pays les plus vulnérables au changement climatique. Les cyclones, actuellement deux fois plus nombreux chaque année qu’il y a 20 ans (Enawo en mars 2017, Ava début janvier 2018), constituent des événements qui contribuent grandement à l’appauvrissement de la population. Depuis 1992, AVSF accompagne ainsi des familles rurales malgaches pour sécuriser et développer leur production agricole ou d’élevage, face à des risques croissants.
D’un soutien historique à l’élevage à l’appui aux filières vivrières locales et d’exportation
A Madagascar, AVSF est reconnue pour son action historique d’appui à l’élevage et de mise en place de services de santé animale de proximité et de qualité. Plus de 250 auxiliaires communautaires de santé animale ont ainsi été formés et sont toujours en activité dans plusieurs régions, pouvant intervenir auprès de plus de 30 000 familles. En 2018, suite à un processus d’harmonisation de la mise en place des agents de santé animale de proximité et du renforcement du réseau de santé animale, un référentiel de certification des Agents de Santé Animale de Proximité, incluant les référentiels d’activités, de compétences et de formation de ces Agents ont été élaborés et validés. Ils seront bientôt reconnus et appliqués dans tout Madagascar.
AVSF soutient également le développement du petit élevage (poulet « gasy », race locale) qui bénéficie d’un marché local très important.
Entre 2014 et 2018, le renforcement des performances techniques, économiques et la résilience des exploitations paysannes par la diffusion de pratiques agroécologiques a touché 12000 familles d’agriculteurs dont 42% des femmes. Des itinéraires techniques adaptés au contexte paysan et à divers écosystèmes ont été diffusés (Intégration agriculture-élevage, agroforesterie, rotation et association culturale dont l’insertion des plantes répulsives dans les cultures comme lutte intégrée…)
La réalisation des ouvrages hydro-agricoles (barrage, bassin de retenu…) et d’adduction d’eau multi-usage (puits, forage mécanique, thermique et solaire) étaient des actions innovantes de la coopération de ces dernières années. Ces ouvrages ont pu satisfaire à plus de 5000 bénéficiaires directes dans toute l’île.
Premier pays exportateur mondial de vanille, Madagascar a également une partie de son agriculture tournée vers l’exportation. Le poivre, le clou de girofle, le litchi, les huiles essentielles sont des produits exportés par les 5 coopératives appuyés par AVSF en partenariat avec la SCOP Ethiquable. En effet, l’appui structuré et durable aux organisations paysannes sur la valorisation de leurs produits et la promotion de l’agriculture biologique à travers une commercialisation équitable connait son succès par l’extension des zones d’interventions sur la côte Est et dernièrement sur le Nord de l’île. Les filières paysannes diversifiées soutenues par AVSF représentent 9 produits fruits et épices, plus de 1800 producteurs impliqués, l’exportation sur le marché européen de 200t épices et 800t de fruits frais et transformés (Jus purée) et 11 acheteurs de produits biologiques et/ou équitables. L’objectif est de pouvoir appuyer la création de nouvelles coopératives suite à ces premières expériences concluantes.