Contexte
Alors qu’ils sont interdits en France, certains pesticides continuent d’être fabriqués et exportés dans les pays du Sud, dont la réglementation est beaucoup moins stricte. Les paysans du Sud et leurs familles sont les premières victimes de ces produits chimiques toxiques. Exposés directement sans protection lors des pulvérisations sur les cultures pour lutter contre les nuisibles, ils sont également menacés par une contamination des sols et des eaux, conséquence du stockage des pesticides à l’air libre ou dans des contenants usagés et percés qui les laissent s’infiltrer dans le sol. AVSF dénonçait déjà cette aberration lors de sa campagne Stop pesticide.
Feuilleton législatif en 3 épisodes
La loi Egalim promulguée en novembre 2018 prévoyait finalement l’impossibilité de produire et d’exporter ces pesticides dangereux. C’était sans compter sur la loi relative à la croissance et à la transformation des entreprises, dite loi Pacte du 11 avril 2019, qui revenait sur cette interdiction, à cause du poids du lobby des fabricants de pesticides, au prétexte que la loi Egalim était contraire aux règles de l’Organisation mondiale du commerce…
Une interdiction historique
« Le 31 janvier 2020, le Conseil Constitutionnel a reconnu que les pesticides dangereux et interdits en France ne pouvaient pas être vendus à l’étranger car la protection de l’environnement, patrimoine commun des êtres humains, constitue un objectif de valeur constitutionnelle. C’est une très bonne nouvelle » déclare Philippe Collin, Président d’AVSF.
« L’agriculture que nous défendons à AVSF dans les pays en développement, c’est l’agriculture paysanne et l’agroécologie. C’est celle qui permet de gagner en autonomie et en qualité d’alimentation. Dans certains pays, l’utilisation des pesticides fait des dégâts irréparables, comme les cancers, les maladies neurologiques, les troubles cognitifs et de la reproduction, les maladies cardiovasculaires, les troubles de l’attention chez les enfants… Nous ne comprendrions pas que l’Union des industries de la protection des plantes (UIPP), représentant les producteurs de pesticides, s’offusque de cette décision. D’abord, pour des questions morales. Suite à cette décision française, nous souhaiterions que l’Union européenne suive le même chemin et prenne les décisions qui s’imposent. »