Les forêts des montagnes du Nord Laos, zones reculées où vivent de nombreuses minorités ethniques, sont des zones endémiques de théiers (camelia sinensis) : théiers millénaires sauvages, théiers sauvages sur parcelles d’abattis-brulis et plantations. Environ 95 % de la production de thé du Laos provient de cette région. Cette ressource constitue un important potentiel pour le développement économique local, puisque le thé lao présente la singularité d’être majoritairement cultivé par des petits producteurs. Mais, il est largement sous-exploité, car 85 % de la production est exportée de manière illicite vers la province chinoise du Yunnan pour y être transformée et vendue sous l’appellation Pu’er. Cette opportunité à court terme – un débouché lucratif, dû à la notoriété du Pu’er – est non durable parce qu’illégale, non maîtrisée parce qu’à la main des acheteurs chinois, et elle réduit la valeur ajoutée profitant au Laos et aux petits producteurs.
Le thé du nord du Laos, reconnu pour sa qualité et ses variétés uniques, a donc été identifié par le gouvernement lao comme une culture de niche à fort potentiel pour un développement économique local et inclusif du pays. Pour remédier à la désorganisation de la filière et la valorisation encore très marginale de cette production, notamment à l’export,
Initié en mars 2019, le projet, d’une durée de trois ans, vise d’une part, à développer une meilleure gouvernance de la filière en favorisant l’émergence d’une alliance inter-acteurs au niveau national. L’accent sera mis sur la gouvernance inclusive de la filière via une meilleure gestion des connaissances et le partage d’informations et via des actions de communication et de marketing permettant l’élaboration d’un plan stratégique national. Le projet soutiendra également deux initiatives pilotes de thé durables et de qualité sur deux districts du Nord Laos : le district de Meung dans la province de Bokeo et le district de Saysathan dans la province de Xayabouri. Les deux zones présentant des stades variés de développement en matière de production de thé, les activités différeront légèrement, mais auront trait à la production et l’organisation des producteurs, la transformation, la certification et le marketing.
Le projet entend ainsi lutter contre la pauvreté et augmenter le niveau de vie des minorités ethniques du Nord Laos : plus de 630 familles, soit près de 4000 personnes, devraient ainsi voir leur niveau de vie augmenter. Il devrait favoriser une meilleure inclusion des petits producteurs, en particulier des femmes, dans les processus de décision au sein des groupements de producteurs ou coopératives et dans leur participation aux formations. Enfin, il devrait permettre d’améliorer la gestion durable des plantations de théiers, et notamment des théiers de forêts, grâce à des plans de gestion concertée et la sécurisation du foncier.