Contexte
Dans le sud du Laos, l’un des plus grands enjeux de société est le problème de malnutrition qui touche une grande partie de la population, tout particulièrement les enfants. Selon l’OMS, 44% des enfants de moins de cinq ans sont en retard de croissance, 27% sont en insuffisance pondérale et 6% souffrent d’émaciation (marasme). Ces taux, parmi les plus élevés de la région « Pacifique Occidale », s’expliquent en partie à cause du manque de diversité dans l’alimentation. En effet, certains nutriments essentiels tels que les protéines, la vitamine A, le fer, etc., sont gravement déficients dans le bol alimentaire.
En matière agricole, les paysans-nes Lao produisent avant tout du riz, accompagné d’un petit élevage (bovins, caprins, porcins, volailles) de quelques têtes par famille. Certains pratiquent des cultures de contre saison (saison sèche), afin de diversifier la production et augmenter les revenus de la famille, le tout complété par la collecte/chasse/pêche des Produits Forestiers Non-Ligneux (PFNL). L’augmentation de la population et la pression foncière (exploitations industrielles, mines, etc.) contraignent davantage encore les ressources naturelles dont le renouvellement est de moins en moins assuré, mettant en jeu la durabilité de tels socioécosystèmes. Il devient de plus en plus difficile de trouver des ressources sauvages, tant animales que végétales, conduisant à un allongement considérable du temps de collecte, tâches qui incombent généralement aux femmes, sans pour autant assurer de couvrir les besoins nutritionnels des familles.
Quelles actions ont été mises en place ?
L’objectif du projet était d’améliorer l’accès et la disponibilité d’une alimentation suffisante et diversifiée tout au long de l’année pour couvrir les besoins nutritionnels des populations. Le projet AHAN a permis d’intensifier la production agricole et animale des ménages. Les actions visaient par exemple l’amélioration du traitement post-récolte et le stockage du riz et des produits agricoles ainsi que l’amélioration de la qualité et de l’accès aux services de santé animale dans les villages ciblés. Un travail sur l’implantation de cultures maraichères et la riziculture a également permis d’assurer la diversification de la nourriture, mais également sa disponibilité tout au long de l’année.
Le rayon d’action du projet s’est étendu sur 12 districts des provinces de Savannakhet, Saravane et Attapeu. Parmi ces 12 districts, 124 villages ont été sélectionnés sur des critères liés aux taux de malnutrition avec plus de 2 400 familles bénéficiaires.
Au-delà d’une augmentation de la disponibilité de la nourriture et de sa diversité, le développement de l’agriculture et de l’élevage permet de réduire la pression qu’exercent les communautés sur leur propre environnement. En effet, la production de nourriture permet de modérer la dépendance à l’égard des ressources sauvages et ainsi d’assurer une gestion plus durable de l’écosystème. Elle permet aussi aux femmes, notamment aux mères de jeunes enfants, de moins s’éloigner des villages et ainsi de pouvoir assurer les soins, en particulier l’allaitement.
Quel impact ?
Grâce au projet, 248 Agents Communautaires de Santé Animale été formés pour assurer la pérennité de l’élevage et diminuer le taux de mortalité du bétail. On constate également que la sécurité alimentaire des familles a augmenté de 58% et la part d’enfants de moins de 5 ans qui atteignent les recommandations nutritionnelles journalières est passée de 22% en 2018 à 68% aujourd’hui ! Au total, ce sont 135 900 personnes qui ont été impactées par ce projet.
Le projet a aussi fait progresser l’égalité des genres : les résultats du sondage montrent que la part des ménages considérant qu’il est normal que l’homme ait plus de pouvoir dans la famille a été divisée par 3.