Agroécologie au Sud Brésil
Le Brésil est un pays qui compte 4,1 millions de paysans : un tiers d’entre eux sont insérés aux marchés nationaux des produits agricoles et alimentaires (avec des systèmes plus ou moins intensifs et diversifiés), un autre tiers vit dans des économies de subsistance (essentiellement dans le Nordeste et les régions amazoniennes et de savanes du Centre-Ouest et du Nord) ; enfin, un autre tiers se retrouve entre les deux situations (avec des économies de subsistance et de vente d’excédents). Les filières agroindustrielles sont très structurées au sud et au sud-est. Elles sont le plus souvent basées sur une agriculture d’entreprise (familiale ou non) mais parfois aussi sur une agriculture paysanne, pour l’export ou l’approvisionnement du marché intérieur. Les flux de produits agricoles plus ou moins transformés sont fréquents entre régions extrêmement éloignées. Certaines régions rurales sont spécialisées, avec des villes moyennes concentrant les agro-industries. Les centres urbains localisés en général sur le littoral dans les régions Sud, Sud-est, Nordeste et Nord concentrent les grands pôles de consommation et les ports d’exportations. Au cours des cent cinquante dernières années, les territoires ruraux et les filières agricoles brésiliennes (café, agrumes, maïs, soja, riz, élevage bovin et, plus récemment, porcs et volailles) ont connu des schémas verticaux de modernisation et de spécialisation plus ou moins intensive, organisés par les complexes agroindustriels et appuyés par les pouvoirs publics. Plus récemment, la filière du lait, où l’informalité de la commercialisation persiste avec l’existence de systèmes locaux de vente directe et où l’agriculture familiale est prépondérante avec 1,3 à 1,5 millions d’exploitations, constitue le dernier « bastion » à moderniser.
Face à ces dynamiques, un autre modèle pourrait être en voie de construction pour et par les exclus de la modernisation (car mal localisés ou trop petits). Il se base sur :
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la mise au point de systèmes de production à bas niveaux d’intrants et dépendants du travail et des ressources locales disponibles ; ce serait la « voie agro écologique » ;
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le développement des marchés locaux alimentaires sur circuits courts et/ou de marchés solidaires nationaux ou internationaux, dépendants du protagonisme des paysans et d’une mise en relation renouvelée entre le rural et l’urbain ; ce serait la voie du développement local appliqué à la production agricole.
Ce texte présente ainsi l’approche agro écologique telle que promue et pratiquée par AVSF et ses partenaires au Sud du Brésil au cours des 15 dernières années. Avec pour objectif principal le développement durable des populations en milieu rural, elle est basée sur l’appui au développement local de groupes et de communautés paysannes, grâce à des méthodes d’animation et d’appui visant la promotion de systèmes agro écologiques de production et la mise en place de systèmes d’approvisionnement alimentaire au niveau régional.
L’approche agro écologique développée par les ONG et les mouvements sociaux du milieu rural Brésilien s’inscrit dans les interrogations sur le développement durable. Pour être durable, le processus de développement doit permettre la mise en place d’équilibres soutenables et dynamiques (non statiques) entre la production et la consommation de richesses par l’homme et la préservation des ressources naturelles. Il y a donc une nécessité à la fois sociétale et environnementale de mise en place d’un meilleur contrôle des externalités de l’activité humaine et d’une gestion parcimonieuse et efficace des ressources naturelles. Cela, à la fois pour des raisons d’équité entre les générations présentes mais aussi pour ne pas grever le droit des générations futures à la vie et au développement