Ce document présente les travaux de l’atelier d’échanges organisé les 14 et 15 décembre 2017 par le Groupe de travail sur les Transitions Agroécologiques (GTAE), créé par AVSF, Agrisud, CARI et Gret, et consacré aux méthodes pour évaluer les performances de l’agroécologie et conditions de son développement. L’évènement a réuni une centaine de participants internationaux : acteurs du développement, chercheurs, membres d’organisations paysannes, représentants de l’AFD et des pouvoirs publics.
Le GTAE, en partenariat avec d’autres ONG et Universités, avait élaboré en 2017 dans le cadre du projet CALAO « Capitalisation d’expériences d’acteurs pour le développement de techniques agroécologiques résilientes en Afrique de l’Ouest » soutenu par la CEDEAO et l’AFD, une première méthode commune d’évaluation des effets et impact des systèmes agroécologiques. Cet atelier avait pour objectif de présenter cette méthode « CALAO », de la mettre en débat et de l’enrichir d’autres expériences conçues et mises en œuvre par la recherche et les acteurs du développement à travers le monde.
Les travaux de ces deux journées ont mis en évidence la diversité des méthodes existantes, avec toutefois la possibilité de construire un référentiel commun pour mesurer les performances des systèmes agroécologiques. Cela suppose d’analyser les effets des pratiques et systèmes à différentes échelles complémentaires parcelle/ferme/territoire, en utilisant certains critères et indicateurs spécifiques concernant les aspects agro-environnementaux (conservation de la biodiversité, des ressources naturelles et de la fertilité des sols, empreinte carbone, résilience aux risques climatiques, etc.) et les aspects socio-économiques (création de revenu et valeur ajoutée, autonomie des exploitations, gestion du travail et de la pénibilité, évolution de la maîtrise des ressources par les femmes et les jeunes, qualité des produits et valorisation économique, valorisation des savoirs et cultures paysannes, etc.).
Grâce à cette confrontation des méthodes, leurs intérêts, leurs limites et les conditions de leur mise en œuvre, l’atelier a débouché sur la proposition par le GTAE de premières grilles d’évaluation avec les indicateurs et outils potentiellement mobilisables pour la mesure d’effets socio-économiques et agro-environnementaux des pratiques et systèmes agroécologiques. Concernant la méthode d’évaluation des facteurs favorables ou défavorables au développement de l’agroécologie, il ressort la nécessité d’enrichir la caractérisation des systèmes et des pratiques agroécologiques à travers l’analyse des critères déterminant les trajectoires d’évolution des systèmes, leur intégration et leur « niveau d’écologisation ».
Cette base commune, dont le contenu reste à affiner, doit permettre aux praticiens du développement de mieux évaluer leurs actions et de réaliser des comparaisons de situations issus de différents territoires avec l’enjeu à la fois de convaincre les décideurs politiques de la pertinence et de l’efficacité des transitions agroécologiques sur des éléments objectifs, mais aussi d’orienter le conseil à l’exploitation et les démarches d’accompagnement des agriculteurs dans cette transition.