Climat : retour sur Cancun
Climat : les négociations en mal d’ambition
Retours sur la seizième Conférence des Parties à la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques, du 29 novembre au 10 décembre 2010, Cancun
Rédigé conjointement par le Réseau Action Climat France (RAC-F) et la Commission « Climat et développement » de Coordination Sud (plus particulièrement par AVSF, GRET, 4D), ce rapport revient sur le bilan de la Conférence de Cancun de décembre 2010, et les revendications de la société civile française.
Si cette Conférence a permis de rassurer de nombreux acteurs des négociations, elle a aussi confirmé l’affaiblissement du régime international sur le climat, entraperçu à Copenhague en 2009.
À Cancun, aucun miracle n’était attendu. Les quelques avancées réalisées — création du Fonds vert sur le climat, adoption d’un cadre pour l’adaptation, officialisation du mécanisme REDD+ et établissement du mécanisme pour la technologie — ne peuvent cacher l’essoufflement des négociations internationales sur le climat. Depuis Copenhague, les discussions sous l’égide de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques ont montré leurs limites. À elles seules, elles ne pourront régler les questions qui empêchent aujourd’hui une lutte efficace contre le changement climatique, notamment le libre-échange et la financiarisation des économies.
Néanmoins, l’arène de la Convention climat reste essentielle. Elle servira de fon- dation pour bâtir le futur régime climatique qui permettra d’assurer la transition vers un développement durable pour tous. Cette nouvelle dynamique devra prendre corps au Sommet de Rio+20 en 2012 et s’articuler autour de la réaffirmation de principes communs et d’un plan d’action international sincère et réaliste.
Pour cela, les négociations internationales sur le climat devront, d’ici la prochaine Conférence de Durban fin 2011, garantir que l’ensemble du droit international créé sous l’égide de la Convention climat ne soit pas remis en question. Sans ce droit et son application stricte, « l’édifice » multilatéral sur le climat pourrait bien tomber en désuétude. Cette réaffirmation du droit passera en premier lieu par l’adoption d’une deuxième période d’engagement sous le Protocole de Kyoto. Un accord mondial et juridiquement contraignant pour tous les pays doit également rester l’objectif des négociations sur le climat.
Enfin, les avancées techniques actées à Cancun doivent être opérationnalisées de façon à répondre aux besoins des populations les plus vulnérables. Il n’y aura pas non plus de progrès en matière de solidarité internationale sans le respect des promesses des pays développés de verser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 aux pays en développement. Ces financements devront être aussi nouveaux et additionnels par rapport aux objectifs de l’aide publique au développement. Des mécanismes de financement innovants devront également être identifiés et mis en œuvre, sans quoi le Fonds vert restera une coquille vide.
Un grand sujet manque à l’appel de quelques avancées techniques de Cancun : l’agriculture. Ce secteur représente pourtant 13,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et un enjeu d’adaptation capital. Toutefois, pour faciliter l’atteinte d’un compromis global, il a été écarté du texte final adopté à Cancun. Les discussions à Cancun portaient, comme à Copenhague, sur la création d’un programme de travail sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur agricole. À Durban, il est essentiel que ce point figure dans une décision de la COP. D’autre part, l’adaptation doit être mieux prise en compte dans les négociations sur l’agriculture. Les discussions sur la réduction des émissions du secteur agricole, l’usage des sols dans les pays développés, et la lutte contre la déforestation devraient aussi être mieux interconnectées dans les négociations. Ce sont des sujets intimement liés et leur morcellement ne permet pas leur appréciation globale.
La lutte contre le changement climatique implique l’adoption de modèles de développement au niveau territorial qui soient sobres en carbone et en énergie, et résilients aux impacts du changement climatique. C’est dans cette perspective que Coordination SUD et le Réseau action climat France travaillent ensemble pour améliorer la prise en compte des besoins et des réalités des populations vulnérables du Sud dans les négociations internationales et sur le terrain.
Pour Coordination SUD et le RAC-F, il s’agit de rester mobilisés pour que les négociations sur le climat deviennent le fer de lance d’un nouveau paradigme mondial, plus équitable et respectueux des populations et des biens publics mondiaux.