Crédit intrant et crédit warrantage au Togo : Quels enseignements ?
La quasi absence d’épargne et de trésorerie monétaire chez les petits producteurs du Togo limite non seulement la prise en charge de dépenses sociales (santé, éducation) mais entrave également fortement leur capacité de production, d’innovation et d’investissement, ce qui réduit fortement leurs revenus annuels. Par ailleurs, les principales Institutions de microfinance togolaises ont délaissé le secteur rural et en particulier les agriculteurs. Le manque de ressources propres et un accès difficile au crédit formel obligent les paysans à emprunter à des taux usuriers auprès des commerçantes, dès lors qu’une dépense conséquente est nécessaire : achat d’intrants en début de campagne, rémunération de la main d’œuvre, achat de céréales en période de soudure, frais de scolarité. Ces emprunts, à des taux d’intérêt avoisinant 100 % sur six mois, arrivent généralement à terme pendant la récolte. Le besoin de liquidité en période de récolte, cumulé à un accès difficile au crédit, à l’absence d’épargne et à l’insuffisance voire à l’absence de magasins de stockage, amène les producteurs à brader leur production au moment de la récolte. Ce cercle vicieux de bradage de la production et faibles revenus, dans lequel beaucoup de producteurs togolais se trouvent, les place dans une situation de forte vulnérabilité.
Dans le cadre d’un projet de développement de la filière céréalière mis ne œuvre par AVSF et son partenaire INADES Formation Togo, avec le soutien de l’Union Européenne et de l’Agence Française de Développement, et afin de faciliter l’accès aux intrants agricoles et le stockage et la vente groupée des céréales pour les membres d’une organisation paysanne via le crédit, deux fonds de garantie d’un montant total de 180 000 euros (118 millions de francs CFA) ont été placés au sein de deux institutions de micro finance (IMF). L’objectif recherché était de rapprocher durablement ces IMF des producteurs agricoles, en instaurant une relation de confiance entre les deux parties, afin de garantir aux producteurs un accès pérenne au crédit. Un service de crédit a ainsi été mis en place spécifiquement pour les membres de la Centrale des Producteurs de Céréales (CPC-Togo) afin de financer une partie de leurs activités agricoles et de mettre à leur disposition la trésorerie faisant défaut à diverses périodes de l’année.
Quels sont les enseignements tirés de cette expérience ? Les crédits proposés ont-ils été adaptés aux capacités des ménages agricoles et ont-ils répondu à leurs besoins ? Quels aménagements proposer ? C’est à ces questions que le présent document tente de répondre.