Dispositifs de santé animale de proximité et de qualité : les enseignements de l’expérience d’AVSF

Auteur(s) : sous la direction de

Année : 2010

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Dispositifs de santé animale

Dispositifs de santé animale de proximité et de qualité : les enseignements de l’expérience d’AVSF

Les récentes menaces en Santé Publique Vétérinaire, telle que l’épizootie d’Influenza aviaire, ont démontré l’importance planétaire des questions de santé animale. Si cette globalité est admise en terme d’étendue géographique, elle doit également se comprendre comme effective sur l’ensemble des territoires, y compris dans les zones reculées, auprès des populations paysannes souvent isolées et parfois marginalisées. Les pertes directes et indirectes liées aux maladies animales, estimées à quelques 100 milliards de dollars (USD) pour ces dix dernières années compromettent par ailleurs sérieusement l’atteinte de la sécurité et de la souveraineté alimentaire dans de nombreux pays.

Depuis vingt-cinq ans, Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières coopère dans le domaine de la santé animale en Asie, Afrique, Amérique Latine. De nombreuses actions ont ainsi concerné la mise en place et l’animation de services de santé animale de proximité et de qualité. Cette nouvelle publication d’AVSF-RURALTER résulte de la capitalisation de plus de 25 ans d’expériences  dans ce domaine sur différents territoires et continents. Elle présente les conclusions d’une analyse croisée de ces coopérations en terme méthodologique et d’articulation des interventions en santé animale depuis l’appui aux éleveurs jusqu’au renforcement des capacités nationales.

Il n’existe en effet pas de modèle unique pour la mise en place d’auxiliaires pour le renforcement d’un service de santé animale de proximité et de qualité : il s’agit de s’adapter à des contextes extrêmement variés : existence ou non une législation réglementant l’activité des auxiliaires, présence ou non de vétérinaires privés sur le terrain, contexte local et national sanitaire et d’élevage. Cette publication présente ainsi différentes pistes, approches et méthodes envisageables issues des expériences engagées et validées en Afrique, Asie et Amérique latine pour des dispositifs pérennes et de qualité : formation initiale et perfectionnement des auxiliaires d’élevage, implication indispensable des vétérinaires privés présents sur le terrain, formation d’organisation professionnelle telle que le Groupement de Défense Sanitaire ou une association d’auxiliaires.

Les expériences engagées démontrent par ailleurs l’importance de garantir un contrôle de l’activité de ces auxiliaires et une homogénéité sur le territoire national (homogénéité dans les fonctions exercées, le niveau de formation, l’accès aux produits vétérinaires, etc.), en cohérence avec l’intervention de l’autorité sanitaire nationale ou d’autres acteurs comme les collectives locales.

Si les Etats du Sud sont souvent préoccupés d’assurer à leurs paysans éleveurs un accès à un service de santé animale de qualité et de proximité, et en dépit d’une grande diversité de dispositifs (reposant sur des fonctionnaires d’Etat ou sur des vétérinaires privés), on observe très fréquemment une insuffisance de moyens pour assurer ce service. L’auxiliaire peut ainsi s’avérer un parfait relais entre éleveurs et vétérinaires. Mais pour AVSF, les missions de l’auxiliaire ne se limitent pas à cela. L’auxiliaire, défini comme un éleveur ayant acquis un certain nombre de compétences de base en médecine et petite chirurgie, et ayant été initié à la gestion sanitaire collective, sera amené au cours de son exercice à entretenir des relations avec :

  • les éleveurs de sa communauté, qui sont non seulement ses « clients » mais également ceux dont il reçoit sa légitimité,
  • les vétérinaires praticiens qui sont sa référence technique,
  • les services vétérinaires publics avec lesquels il engagera une collaboration partenariale pour contribuer à la santé publique vétérinaire.

La publication montre qu’un dispositif adapté ne se limite donc pas à de la simple formation de “technicien” mais doit prendre en compte l’ensemble des acteurs de la santé animale d’un pays et leurs relations d’interdépendance. Or dans les faits, les interventions trop souvent cloisonnées des Etats et de la coopération entre formation d’auxiliaires d’élevage locaux et renforcement des services centraux ne permettent pas de remédier aux carences de fonctionnement des systèmes : défaut, voire rupture de transmission de l’information épidémiologique entre les différents niveaux, défaut voire rupture de la chaîne de commandement en cas de foyer, défaut d’approvisionnement en produits vétérinaires, absence de formation continue, etc.

Dans cette publication, AVSF estime donc nécessaire d’agir à tous les niveaux simultanément :

  • orienter les activités vers un renforcement de la relation entre les différents acteurs du système de santé animale : un trépied fondamental que constituent l’autorité sanitaire par ses services centraux et décentralisés, les vétérinaires privés, enfin les auxiliaires de santé animale et les éleveurs et leurs groupements, acteurs fondamentaux et maillons majeurs des réseaux d’épidémiosurveillance,
  • renforcer la concertation et la coordination entre les différents intervenants extérieurs publics, privés et de la coopération, pour des appuis coordonnés et complémentaires contribuant au renforcement de ce trépied.
  • mesurer et communiquer les résultats et les effets sur la qualité des systèmes de santé animale et de surveillance épidémiologique.

La coopération pour un dispositif de santé animale de qualité et de proximité pourra alors atteindre les objectifs fixés : gérer les risques sanitaires et accompagner efficacement le développement de l’élevage.

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