Efficience et efficacité économique de l’usage de l’eau agricole par les agricultures familiales
Dans tous les espaces nationaux et internationaux, la question de l’efficience économique de l’usage de l’eau est souvent posée, certains secteurs n’hésitant pas à mettre en doute l’usage qu’en font les agricultures paysannes par rapport à d’autres modes de production agricole. Membres du groupe « Eau agricole » de la Commission Agriculture et Alimentation de Coordination Sud, AGTER, AVSF et le GRET, ont réalisé en 2013 une analyse bibliographique des études existantes (recherche, ONG, instituts techniques, organisations internationales) dans le domaine de l’efficience et l’efficacité de l’eau par les paysanneries. Un séminaire organisé en septembre 2014 a permis de partager et débattre entre professionnels et représentants d’organisations d’usagers de ces analyses économiques – souvent incomplètes et très divergentes les unes des autres quant aux méthodes d’analyse retenues – sur l’impact de la sécurisation de l’eau pour les agricultures paysannes.
Pour AGTER, AVSF et le GRET, une analyse objective de l’efficience économique de l’usage de l’eau agricole requiert de l’aborder par trois entrées complémentaires:
1. L’analyse de la valeur ajoutée créée lors de la production agricole et non pas de la production brute.
2. L’analyse de la distribution de cette valeur ajoutée créée et de l’impact sur l’emploi.
3. Enfin pour prendre en compte l’intérêt de la société dans son ensemble, l’analyse des externalités et effets induits sur la disponibilité de la ressource pour d’autres usagers, la durabilité écologique, le renouvellement de la ressource, la création ou régulation de conflits d’usage et entre usagers, etc.
Alors que l’efficience économique de l’usage de l’eau agricole est un critère important pour orienter des politiques et programmes d’investissement, ou encore privilégier tel type d’usage ou d’usagers, force est de constater que les analyses et mesures jusqu’à aujourd’hui engagées tant par les acteurs publics que privés impliqués dans l’irrigation ne prennent que très partiellement en compte l’ensemble des éléments précédemment mentionnés : valeur ajoutée créée par ha et m3 d’eau, modalités de redistribution et emplois générés, externalités engendrées, soient- elles positives ou négatives. Or les analyses déjà réalisées sur l’efficacité comparée de la production paysanne lorsqu’elle a accès à l’eau, en termes de création de valeur ajoutée et d’emplois, démontrent qu’elle n’a pas à rougir de ses performances, qui sont supérieures dans bien des cas à celles des grandes exploitations ou des entreprises agro-industrielles !
Retrouver également le rapport complet produit Pour une justice sociale de l’eau en faveur des agricultures paysannes et la note de synthèse