Genre et filière porcine : une progressive autonomisation des femmes éleveuses
Au Togo, au sein de la population en situation de pauvreté, ce sont les femmes rurales qui sont le plus marginalisées. Méconnaissant leurs doits économiques et sociaux et subissant des pratiques discriminantes, les femmes n’ont pas accès au foncier et leur métier d’agricultrice ou d’éleveuse n’est pas reconnu. Dans ce contexte, Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières a mis en œuvre un projet d’appui à deux cent femmes éleveuses de porcs et leurs groupements dans la région de la Kara, au Togo, avec l’appui financier du Ministère français des affaires étrangères et en partenariat avec l’ICAT.
Ce texte, co-rédigé par une sociologue togolaise et AVSF, montre comment le projet, a, de façon simultanée visé à améliorer les capacités productives de deux cent éleveuses mais également à lever les contraintes sociales, empêchant les femmes d’occuper certains maillons de la filière et de contrôler pleinement les revenus issus de leur activité d’élevage.
Le texte, richement illustré avec des photos et des dessins, laisse une large place aux témoignages des femmes, actrices du projet. Il décrit de façon progressive et illustrée l’approche genre utilisée au cours du projet et les résultats obtenus. Ainsi, les activités et outils tels que la formation de l’équipe technique au genre, le « diagnostic genre », la formation des éleveuses et de leurs conjoints, l’interpellation des autorités locales concernant les inégalités homme-femme sont présentés, de façon vivante. On apprend ainsi que le diagnostic genre et les « causeries-débat » avec les femmes éleveuses ont permis de mettre en lumière non seulement les inégalités sur le plan productif et économique mais également sur le plan social, juridique et communautaire. Par ailleurs, le texte montre comment le plaidoyer actif envers les chefs traditionnels a permis aux femmes de faire entendre leur voix et de les sensibiliser aux contraintes spécifiques rencontrées par les femmes. Le texte permet de comprendre également que l’approche mixte utilisée au cours du projet a eu des effets positifs sur la cellule familiale, avec la diminution des violences conjugales et un partage des décisions au sein du foyer. Enfin, le présent document souligne la complémentarité de l’approche genre avec une approche technique et économique : sans l’approche genre, les freins qui cantonnaient les femmes aux activités de production, et les privaient de l’accès à la commercialisation, n’auraient pu être identifiés et levés.