L’agroécologie paysanne : alternative sociétale pour des systèmes agricoles et alimentaires durables
Les Notes de Coordination Sud n°22
Face aux limites du modèle agro-industriel dominant, il est plus que jamais nécessaire de changer de paradigme et de favoriser la transition vers des systèmes agricoles et alimentaires durables, tant en termes environnementaux qu’économiques, sociaux et culturels. Rédigé par sol, avec les contributions de ACSF, AVSF, CCFD-Terres Solidaires, Gret, ISF, Secours Catholique-Caritas France, Terres & Humanisme, cette note de Coordination Sud a ainsi pour objet de proposer une définition de l’agroécologie paysanne et de revenir sur les enjeux de sa diffusion.
Au cours des cinquante dernières années, l’industrialisation des systèmes agricoles et alimentaires mondialises et libéralisés, n’a pas permis d’améliorer de façon structurelle les conditions de vie des paysan·ne·s du Sud ni de répondre à la faim et à la malnutrition qui touchent encore 821 millions de personnes en 2019, majoritairement les populations rurales et paysannes. Ce modèle, au contraire, participe à l’augmentation de la pauvreté́ rurale, à la dégradation de l’environnement et à la perte de qualité́ nutritionnelle des aliments produits et consommés. Cette agriculture, responsable d’un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre, dont 44 % des émissions de méthane et 82 % des émissions de protoxyde d’azote, accentue de plus considérablement les changements climatiques. Son développement a également engendré une perte de biodiversité́ cultivée et élevée qui est estimée à 75% en un siècle selon la FAO et tel que le rappelle le GIEC dans son dernier rapport, à la dégradation des terres et à la baisse de fertilité́ des sols, provoquée à la fois par des facteurs anthropiques et climatiques.
Dans ce contexte, il est urgent de définir et de soutenir une transition agroécologique paysanne et solidaire en développant des modèles agricoles et alimentaires qui concilient efficience économique, respect des écosystèmes et préservation des ressources naturelles et qui soient garants du droit à l’alimentation pour tous et toutes ainsi que des conditions de vie décentes des paysan·ne·s. Ces alternatives agroécologiques sont nombreuses et doivent être reconnues et soutenues par les politiques publiques partout dans le monde.