Elevage paysan et climat
Le rôle de l’élevage paysan dans le changement climatique et la sécurité alimentaire
Synthèse française du rapport final d’étude VSF Europa
Depuis le rapport « Livestock Long Shadow » réalisé par la FAO en 2006, les travaux de recherche portant sur l’importance de l’élevage pour la sécurité alimentaire, l’accroissement de ce secteur et les impacts sur le changement climatique (CC) se sont multipliés. En 2000, on considère que le secteur de l’élevage est responsable de 18% des émissions de Gaz à Effets de Serre (GES) anthropogéniques. Certains auteurs jugent que l’on sous-estime ces chiffres et qu’en réalité, ils dépassent 51% du total des émissions GES. Dans tous les cas, ceux-ci placent l’élevage comme principale cible des options de réduction de ces émissions. De plus, le secteur de l’élevage utilise 58% de la biomasse directement utilisée et destinée à l’homme, 70% des terres agricoles (dont 33% pour la production fourragère) et 30% des terres au niveau mondial. Pourtant, d’autres recherches concernant les problématiques d’élevage et de CC, font une distinction entre les différentes catégories de systèmes d’élevage et par conséquent, proposent des mesures spécifiques pour résoudre de manière différente les problèmes dans chacune de ces catégories.
Cette étude a été menée par le réseau Vétérinaires Sans Frontières Europa (VSFE) dans le cadre du programme de développement éducatif européen, financé par la Commission Européenne (DEVCO), l’AFD, la Région Rhône-Alpes et la DGD. Elle a été élaborée pour sensibiliser les étudiants, le grand public, les agriculteurs et les décideurs politiques à l’importance de l’élevage paysan dans le contexte du changement climatique. Un programme d’éducation au développement est actuellement mis en place dans cinq pays, par les membres du réseau VSF Europe, c’est-à-dire Agronome et Vétérinaires Sans Frontières (France), SIVTRO (Italie), VSF Belgique, VSF République Tchèque et VSF Norvège. Cette étude est le point de départ d’une campagne qui se déroulera pendant 3 ans et qui a pour but de sensibiliser et de mobiliser l’opinion en faveur de l’élevage paysan.
Ce rapport a pour but de contextualiser le rôle que les élevages paysans (EP) jouent dans le débat sur le CC et sa contribution à la sécurité alimentaire. Les deux principales hypothèses de cette étude avancent que les EP peuvent contribuer à la réduction du CC et qu’elles doivent être prises en compte dans les discussions sur les politiques à adopter et, d’autre part, que les stratégies d’adaptation autonomes des communautés locales, principalement basées sur des connaissances traditionnelles, peuvent représenter un groupe de stratégies fiable dans les mesures d’adaptation au CC tout en contribuant à la sécurité alimentaire mondiale. On peut résumer les questions auxquelles ce rapport tente de répondre comme suit : (i) Comment les systèmes d’élevage paysan sont-ils durables et comment pourraient-ils contribuer à l’atténuation des GES ; (ii) Comment sont-ils efficaces pour produire des produits d’origine animale face à la croissance de la population et contribuer aux défis futurs en matière de sécurité alimentaire ; (iii) Comment les communautés d’éleveurs paysans se sont-ils accommodés traditionnellement aux variations de climat et ces stratégies sont-elles valables pour s’adapter au CC. Tout au long de ce rapport nous allons montrer comment les EP, et particulièrement le pastoralisme, peuvent jouer un rôle important dans les nouvelles solutions à apporter.
Pour aborder ces questions, ce rapport propose tout d’abord une catégorisation des systèmes de production dans l’élevage, en allant plus loin que les catégories conventionnelles. Notre approche vise à introduire dans le processus de classification non seulement les données utilisées par les différents systèmes d’élevage, mais aussi à apporter une vision intégrée de la filière à ces catégories. Par la suite le rapport évalue de manière critique la littérature existante en termes d’alternatives concernant l’atténuation des émissions de GES. Enfin, sur la base de quatre études de cas, nous présenterons les mesures d’adaptation prises par les communautés de petits éleveurs au Turkana (Kenya), autour du lac Alaotra (Madagascar), au Khar-o-Touran (Iran) et à Huancavelica (Pérou), ainsi que les principaux facteurs socio-économiques amplifiant les effets des CC rencontrés, qui freinent leurs capacités d’adaptation.
Lire le rapport complet (version anglaise) :
The role of small scale livestock farming in climate change and food security, Rivera-Ferre, M.G., López-i-Gelats, F.