Les expériences innovantes d’AVSF : Des coopératives d’utilisation de matériel agricole au Mali
Publiée dans la collection « Les expériences innovantes d’AVSF » de RURALTER/PRAXIS, cette note présente les résultats des actions engagées par AVSF au Mali depuis 2004 pour soutenir la création de coopératives d’utilisation de matériel agricole (CUMA) dans différentes régions (Tombouctou, Kayes, Sikasso). Les projets d’amélioration de la sécurité alimentaire menés par AVSF au Mali s’appuient en effet sur la promotion de la petite mécanisation pour augmenter de manière durable la productivité agricole. Au Mali, seules 40 % des exploitations ont accès à un attelage complet et environ 12 % des producteurs ne sont pas équipés, ce qui limite d’autant leur capacité de production. L’ancrage institutionnel d’une CUMA se base sur les textes législatifs des coopératives. Les cinq à huit exploitations familiales regroupées autour d’une chaîne de culture attelée (gestion de une à deux paires de bœufs, une charrue/multiculteur, un semoir, une charrette et un âne) définissent d’un accord commun (matérialisé par le règlement intérieur) les règles d’utilisation et d’entretien des équipements ainsi que les modalités de remboursement (caution solidaire).
Au total, 286 CUMA ont été mises en place dans 5 régions du Nord au Sud du Mali par AVSF et ses partenaires, dont la très grande majorité continue de fonctionner et de se développer, même après plusieurs années de retrait des projets. Avec des montants financiers requis relativement modestes par coopératives (en moyenne 800 000 FCFA, soit 1 220€), cette méthode permet de répondre aux besoins d’investissement des petites exploitations agricoles qui n’ont pas accès au crédit ou qui, du fait de leur faible surface cultivée, ne pourraient amortir seule une chaîne complète de matériel de culture attelée.
L’accès amélioré aux matériels agricoles a permis d’accroître la situation économique des membres des CUMA. Ils ont ainsi augmenté de 50 % leur surface cultivée (+ 1 ha en moyenne par exploitation) ; les rendements des cultures ont progressé chez 42% des membres. L’accès à l’équipement a aussi eu pour conséquence une diversification des productions : quatre spéculations différentes chez les membres des CUMA contre trois chez les paysans témoins, non membres de CUMA. Enfin, les dépenses liées à la location de matériel et l’embauche de main d’œuvre sont considérablement réduites, voir nulles.
Vu le faible coût d’investissement, les CUMA pourraient aisément être démultipliées sur l’ensemble du territoire, notamment pour les petites et moyennes exploitations agricoles qui représentent 600 000 unités. Sur une base de huit membres par CUMA et un montant d’investissement moyen de 1 220 € par coopérative, il s’agirait donc de mobiliser un financement de 92 millions d’€ (hors coût d’accompagnement technique) afin que toutes les exploitations agricoles du Mali aient accès à une chaîne de culture attelée. Cette démultiplication devrait toutefois intégrer un nécessaire appui technique (un technicien animateur pour 15 villages) et dès le départ, une démarche de désengagement via le renforcement des capacités techniques, de gestion et de transparence d’Unions de coopératives. L’enjeu demeure donc aujourd’hui ce nécessaire changement d’échelle, avec une réelle implication des institutions bancaires à travers un mécanisme de fonds de garantie pour inciter les banques commerciales à faire des crédits pour ces petites exploitations agricoles, sans caution.