Les expériences innovantes d’AVSF : Une filière maraîchère paysanne au Sénégal
Publiée dans la collection « Les expériences innovantes d’AVSF » de RURALTER/PRAXIS, cette note présente les résultats de l’action engagée par AVSF au Sénégal de 2011 à 2014 qui a permis de mettre en place une organisation économique faîtière de productrices maraîchères afin d’améliorer leurs revenus et nourrir les villes de la région de Kolda.
Cette région dispose d’un fort potentiel maraîcher largement sous-exploité. L’accélération du processus d’urbanisation a amplifié la demande urbaine en légumes frais, surtout pendant la saison sèche. Avec le soutien du CFSI, de la fondation espagnole EDUCO et de l’AFD, la coopération d’AVSF a visé deux objectifs complémentaires :
- augmenter la quantité et la qualité de la production maraîchère par la diffusion de techniques agroécologiques et la prise en compte des exigences des consommateurs urbains ;
- organiser les maraîchers en groupements afin de renforcer leur capacité de négociation et de commercialisation.
La première innovation du projet a été de mettre en place une faîtière à vocation économique s’appuyant sur des organisations communautaires de base : les groupements de promotion féminine (GPF). Ce processus a abouti à la création d’une coopérative maraîchère appelée CCPM (Cadre de coopération pour la promotion du maraîchage) qui regroupe 1000 maraîchers, dont 75% de femmes. La seconde innovation du projet est une démarche qualité centrée sur la promotion de modes de production agroécologiques valorisant des complémentarités élevage/agriculture. Enfin, troisième innovation : la coopérative maraîchère a développé la vente groupée et directe, y compris dans des kiosques urbains.
La concertation entre les 300 productrices actives des différents groupements de la région a dynamisé la commercialisation de produits maraîchers sur les marchés des villes de Kolda, Salikégné et SaréYoba. On note une progression des rendements de plus de 100% sur certaines spéculations sur la période 2012-2014. Avec deux campagnes par an (en période froide, puis en période chaude ou hivernale), les recettes ont vite évolué pour atteindre 30 millions de FCFA (46 000 €) à fin 2013 et 45,7 millions (70 000 €) à fin 2014, soit un revenu d’un peu plus de 200€ annuels par femme. Les productrices maraîchères assurent l’approvisionnement des marchés urbains qui absorbent aujourd’hui plus de 50 % de la production régionale. Par ailleurs, des magasins de stockage de l’oignon sont en cours de création en vue de réguler le marché à partir de 2015. Grâce au stockage, les producteurs entendent alimenter le marché de l’oignon toute l’année.