Migration et développement
Migration et développement des territoires : quels enjeux pour nos pratiques de coopération ?
Traverses n°36
Les politiques de co-développement mises en place à l’échelle française et européenne sous-tendent des liens entre migrations et développement ; elles sont basées sur une corrélation trop étroite entre contrôle de la mobilité et aide au développement. Les ONG professionnelles du Groupe Initiatives, dont AVSF, ont choisi d’approfondir leur connaissance de ces questions au cours d’une journée d’étude. Chacune d’entre elles est questionnée dans ses activités par les mobilités qui se déclinent suivant des territoires divers (d’origine, d’installation, au Sud, au Nord, dans la campagne ou en ville…), suivant des pas de temps variables (pour une saison, sur plusieurs générations…), et avec des objectifs variés. À partir d’un travail préalable de synthèse et d’analyse d’une vingtaine de projets menés par ses associations membres et par d’autres organisations partenaires expérimentées, le Groupe Initiatives a abordé cette journée à travers deux questionnements :
- Quels sont les impacts – positifs et négatifs – de la mobilité dans les processus de développement des territoires (origine, transit, accueil/destination) ?
- Comment les ONG abordent-elles les dynamiques migratoires dans leurs projets et quels sont les impacts – positifs et négatifs – des projets de développement menés par les ONG sur ces stratégies de mobilités et sur le développement des territoires ?
Le document joint publié dans la Collection Traverses du Groupe Initiatives fait état des débats et conclusions de cette journée du 24 mars 2009, qui a notamment permis de confirmer la diversité des situations de mobilité des populations dans les territoires de coopération. Les ONG du Groupe Initiatives tirent de ce constat que l’aide publique au développement ne peut pas être liée au contrôle des flux migratoires. Il est en effet apparu dans les débats que développement et mobilité vont souvent de pair, et que les populations appuyées par les membres du GI obtiennent souvent une part de leurs revenus de migrations de plus ou moins longue durée et qui peuvent être aussi bien de proximité que régionales ou internationales. Aussi le « développement » ne peut en aucun cas être assimilé à la réduction des mouvements de personnes. La mobilité est un élément constitutif de l’être humain, de son enrichissement et de son développement. Elle peut constituer un atout pour les dynamiques de développement.
Les membres du Groupe Initiatives inscrivent leurs actions, non pas dans l’optique de la limitation a priori des migrations, mais dans une démarche qui contribue à permettre aux populations de disposer des moyens, y compris parfois issus de stratégies familiales de migration, pour choisir de rester sur leur territoire en y vivant correctement ou d’en partir dans des conditions maîtrisées.