Protéger, partager et gérer de manière durable la ressource en eau dans les Andes centrales d’Equateur

Auteur(s) : sous la direction de

Année : 2011

Partager l’eau en Equateur

Protéger, partager et gérer de manière durable la ressource en eau dans les Andes centrales d’Equateur :
De l’élaboration à la mise en place d’un dispositif institutionnel pérenne  de concertation et d’action
pluri-acteurs ruraux et urbains

Pays à revenu intermédiaire, l’Equateur souffre d’une distribution historique inégale de la ressource en eau : comme dans de nombreuses régions du monde, le problème est bien moins la quantité d’eau disponible que la manière de la partager et la gérer. Sur le bassin versant de la rivière Chambo, dans les Andes Centrales, les haciendas ont vu péricliter leur contrôle historique de la terre et de l’eau depuis la réforme agraire de 1964 jusqu’aux années 80. Les organisations paysannes d’irrigants, principalement indiennes, ont lutté pour accéder à des droits d’eau sur des terres nouvellement acquises. Mais les fragiles équilibres établis sur la répartition et la gestion de l’eau sont aujourd’hui de nouveau remis en cause. Des acteurs aux intérêts aussi divergents que des collectivités rurales et la ville de Riobamba, capitale provinciale de 150.000 habitants en pleine croissance démographique, des entreprises et les familles paysannes rentrent en concurrence pour l’accès à l’eau, dans des relations encore très asymétriques de pouvoir. Parallèlement, la dégradation des sources d’eau superficielles, des nappes et des zones d’approvisionnement en altitude s’accentue, tant par des prélèvements excessifs qu’en absence de tout contrôle de la pollution.

Partant du principe que la problématique de l’eau ne se résout pas seulement par la construction d’ouvrages, l’ONG de développement rural Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières (AVSF) et l’ONG équatorienne CESA (Centrale Equatorienne de Services Agricoles), ont ainsi décidé depuis 2007 d’accompagner la création d’un dispositif de concertation qui devrait permettre à tous ces acteurs de négocier des accords à bénéfice réciproque dans le domaine de la répartition de l’eau et de sa gestion, et de mutualiser des moyens techniques et financiers pour une protection collective de la ressource. Loin de se limiter à une simple coopération financière – au final, minime en coût –, cette coopération s’est d’abord construite sur un diagnostic de la situation et la transmission transparente d’informations accessibles à tous, élément vital  pour la prise de décision. Elle a ensuite privilégié des échanges d’expériences en Equateur mais également avec divers acteurs de la gestion de l’eau en France (collectivités, associations d’usagers, agence de l’eau, etc.) dans le Gapençais, la vallée de la Durance, le Morvan, etc. Par un long travail d’animation, elle a finalement ouvert un débat serein, qui permet aux acteurs eux-mêmes d’entrevoir des pistes concrètes pour lever les principaux blocages identifiés et partagés par tous. Dans un contexte politique sur l’eau en plein bouleversement (nouvelles institutions étatiques, nouvelle Loi en débat, etc.), les résultats sont prometteurs : création d’un comité de bassin où siègent les représentants des différents usagers, mise en place d’un instrument financier pour des actions de sensibilisation à la gestion et protection de l’eau, prémices d’accords politiques entre ville et irrigants indiens pour le partage de l’eau, construction collective un plan de gestion des ressources hydriques à l’échelle du bassin Chambo.

L’expérience en cours témoigne de l’importance et la pertinence d’une coopération dans le domaine de la gestion sociale de l’eau au delà de la seule construction d’infrastructures, qui intègre l’appui à la gestion de conflits, à la réforme de règles de partage de l’eau, à la redéfinition des droits et obligations de usagers et à la création des institutions en capacité d’exercer un contrôle efficient sur la gestion et la protection de la ressource. Elle démontre tout l’intérêt d’y associer les compétences et expériences diversifiées d’acteurs français dans ce domaine. Dans le cas équatorien, cette coopération technique s’accompagne d’une nécessaire coopération financière particulièrement pertinente : elle a en effet permis la prise en charge des coûts les plus difficiles à couvrir pour les finances publiques nationales et locales : études, expertises permanentes et spécialisées, échanges, espaces de concertation, gestion de conflits. Le budget national et des collectivités locales devraient permettre de financer en grande partie les infrastructures de l’eau.

Engagée avec l’appui de l’Union Européenne, de l’Agence Française de éveloppement et de l’Agence de l’Eau Seine-Normandie, cette expérience invite finalement les acteurs de la coopération, en particulier les collectivités françaises et agences de l’eau à prendre en compte l’enjeu majeur de demain sur l’eau : le partage équitable et la protection de la ressource en eau, en particulier entre villes et campagnes, pour assurer demain l’alimentation de tous et des villes en croissance, en garantissant ainsi l’accès à l’eau aux agricultures paysannes.

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