Sécurité alimentaire en Afrique
Sécurité alimentaire et agricultures familiales ; expériences d’AVSF en Afrique
Depuis 35 ans, AVSF considère les actions de coopération qu’elle mène comme des expérimentations. Elles permettent de valider sur le terrain les conditions qui permettent aux populations rurales de conquérir leur sécurité alimentaire et de contribuer à l’alimentation des villes. Trois de ces expériences significatives ont été présentées lors de cette table-ronde.
Le continent africain fait face à un défi alimentaire de taille, par la croissance démographique qu’elle connait. L’urbanisation rapide entraîne des besoins accrus d’accès à l’alimentation pour des populations pauvres et à bas revenus de villes moyennes et mégapoles.
Atteindre une sécurité alimentaire suppose dans la majorité des pays de doubler ou tripler la productivité du travail et des hectares agricoles, en milieu paysan. C’est un grand pas à franchir ; il ne suppose pas forcément de gros investissements, qui seraient le plus souvent hors de portée des petits paysans, mais il peut être franchi par un accompagnement adapté et une évolution raisonnée des pratiques agricoles. L’expérience des partenaires d’AVSF en Afrique, comme par exemple celle de l’association NINNABA au Sénégal, a expliqué M. Omar Mané, agriculteur dans le région de Kolda en Casamance, le montre bien, chiffres à l’appui.
Mais un succès dans une région ne suffit pas, et pour AVSF, l’objectif n’est pas de multiplier les projets locaux ; plutôt de contribuer à un changement d’échelle, comme l’a expliqué M. Paulin HYAC, de Madagascar. Il a montré par exemple que la micro irrigation, avec des matériels simples, fabriqués dans le pays et distribués dans plusieurs régions où l’eau est rare, permettent de multiplier par 6 les surfaces irriguées, tout en diminuant le travail nécessaire.
Enfin, M. Guy DURAND a exposé, sur la base de l’exemple de l’Equateur où il est très actif avec Agrocampus-Ouest à Rennes et AVSF, comment les circuits courts de commercialisation peuvent être un moyen de promotion économique de l’agriculture paysanne, à l’échelle de grandes régions ou d’un pays, et contribuer à la sécurité alimentaire.
Mais ce sont bien des politiques publiques, économiques et de développement rural, à l’échelle des pays qui doivent mettre en place ces conditions afin de nourrir les campagnes, approvisionner les pôles urbains et diminuer l’exode vers les grandes villes. Elles devraient permettre aux paysans et à leur famille de vivre de leur travail et de leur terre, et limiter ainsi considérablement les importations de blé européen ou américain, ou de riz asiatique.