Reboisement en Haïti
Une expérience de reboisement communautaire innovante en Haïti : méthode, résultats et analyse
Cet article présente une expérience de reboisement communautaire dans le Sud-Est d’Haïti, initiée en 2007 en partenariat avec le mouvement social CROSE, et toujours en cours en 2010. L’expérience présentée est issue d’un projet d’aménagement de bassin versant financé depuius 2007 par la Commission Européenne, l’Agence française de développement, la ville de Paris, l’entreprise MBP et la fondation Yves Rocher. La problématique du déboisement est d’abord présentée, suivie d’un bref rappel historique des projets de reboisement dans le pays. Considérant les échecs récurrents par le passé, la combinaison de 3 approches complémentaires est posée comme préalable à une action efficace : l’identification participative des zones de reboisement, la compensation financière de la diminution des revenus agricoles et la création d’une base de données intégrée à un SIG pour un suivi rapproché des plantations.
Les caractéristiques agroécologiques du milieu sont présentées, distinguant les zones dégradées propices à une réhabilitation par le reboisement. Il s’agit des zones où l’agriculture vivrière est pratiquée sur des pentes sensibles à l’érosion. La méthodologie pour la mise en place des plantations est détaillée étape par étape pour une compréhension claire par les professionnels et acteurs du développement rural. Le processus démarre avec le choix participatif des zones à reboiser, l’identification des parcelles, et la construction d’une base de données. Les compensations financières sont alors calculées. Le choix des espèces et la production des plantules est aussi une étape importante. Des contrats sont signés avec les agriculteurs propriétaires de parcelles avant que les plantations soient effectuées et leur évolution suivie. Les résultats tirés de cette expérience sont ensuite présentés. 8 mois après les plantations, les jeunes arbres sont présents sur 80% de la surface travaillée, mais leur bon développement n’est observé que sur 30% des surfaces. Une attention particulière sera portée sur les 50% restant en année 2. Les revenus espérés démontrent la durabilité économique d’une exploitation sylvicole des terres de montagne mais l’entretien des plantations, en particulier le sarclage, est irrégulier.
Ces résultats sont encore insuffisants, mais le système de suivi est opérationnel et diverses observations poussent à l’optimisme. Des améliorations à apporter au modèle technique sont précisées : gestion des plantules, prise en charge du sarclage via les organisations de base. Puis certaines contraintes sont détaillées : parcellement extrême du foncier, besoin d’un programme de recherche-développement. Enfin ce type d’action est replacé dans un contexte national. La définition d’orientations politiques pour le développement d’alternatives énergétiques au charbon de bois et la précision de la place du secteur agricole dans la population et l’économie haïtienne sont nécessaires. Le changement d’échelle souhaitable dépendra de la capacité à produire des références fiables et de la capacité de la politique haïtienne à s’approprier les modèles pertinents proposés.