Pour AVSF, Amélie Bajolet, administratrice d’AVSF et présidente du label Bee Friendly
Si l’utilisation de pesticides a presque doublé entre 1990 et 2020, cette accélération s’est faite à plusieurs vitesses. En Amérique du Sud, leur usage a fait un bon de 143 %, contre une augmentation de 3 % en Europe.
Dans les pays du Sud, le manque de régulation et de contrôle des marchés entraîne plusieurs problèmes majeurs : la mauvaise qualité des produits, l’absence de connaissance des paysans et paysannes quant à leur toxicité et leur mode d’utilisation, ainsi que la présence de produits hautement toxiques, dont certains sont interdits par des conventions internationales. Le constat est pourtant sans appel : ces produits ont des conséquences dramatiques sur la santé humaine et environnementale.
Quels sont nos objectifs ?
Depuis plus de 10 ans, AVSF agit et milite en Afrique, Amérique latine et Asie pour lutter contre les conséquences néfastes que peuvent avoir l’usage des pesticides toxiques en production agricole et le mésusage des produits vétérinaires préoccupants en élevage, en travaillant sur ces deux volets simultanément.
Nous militons pour l’élimination urgente des pesticides très dangereux, interdits dans l’Union Européenne, et de certains perturbateurs endocriniens, ainsi que pour l’élimination progressive de tous les pesticides préoccupants, à chaque fois qu’il existe des techniques de substitution fiables et à la portée des paysans et paysannes.
AVSF défend également un usage raisonné et maîtrisé des produits vétérinaires qui respecte l’équilibre entre la santé animale, humaine et environnementale, et lutte contre le marché frauduleux du médicament par l’information et la recherche de circuits d’approvisionnements contrôlés.
Comment les atteindre ?
Pour parvenir à des changements de pratiques efficaces et pérennes, la forte implication des paysans et des éleveurs est obligatoire. Ils et elles sont à la fois les premiers concernés par ces risques, mais aussi les détenteurs de connaissances et de pratiques pouvant permettre de réduire l’usage de ces produits.
L’une des nos actions phares est la mise en place de filières paysannes agroécologiques et biologiques. AVSF encourage la transition vers des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, telles que la rotation de cultures ou l’agroforesterie. Par exemple, dans certaines régions, nous développons des fertilisants naturels avec les paysans, réduisant ainsi leur dépendance aux intrants chimiques.
Dans le cadre de sa stratégie de renforcement des capacités locales, AVSF forme également des Auxiliaires Communautaires de Santé Animale (ACSA). Ils et elles jouent un rôle essentiel dans la sensibilisation des éleveurs aux bonnes pratiques d’élevage, y compris la réduction de l’utilisation des médicaments vétérinaires.
Parallèlement, AVSF valorise les savoirs et les pratiques traditionnelles à base de plantes, pour non seulement diversifier les options de traitement, mais aussi préserver le patrimoine culturel et biologique des régions concernées.
Enfin, nous menons un plaidoyer actif au Nord comme au Sud pour faire avancer les réglementations sur l’utilisation des pesticides et les médicaments vétérinaires, puisque certains des produits toxiques retrouvés dans les pays du Sud viennent… du Nord.
Cette lutte contre les substances toxiques est au cœur de l’engagement d’AVSF pour une agriculture respectueuse des populations et de l’environnement. Ces produits compromettent la santé des populations, la biodiversité et la qualité des sols. En promouvant des alternatives agroécologiques, nous défendons un modèle agricole équilibre, indispensable à la construction d’un avenir durable.